La Banque centrale européenne (BCE) devrait maintenir une politique monétaire "résolument accommodante" pour une "période prolongée", préconise le Fonds monétaire international (FMI) qui s'attend à ce que l'inflation au sein de la zone euro demeure inférieure à l'objectif.
Dans son rapport annuel sur la zone euro publié mardi, l'organisation internationale estime qu'une sortie de la politique monétaire ultra-accommodante serait prématurée moins d'une semaine après l'annonce par la BCE qu'elle examinera à l'automne l'opportunité d'un dénouement progressif de son programme de rachat d'actifs.
Le FMI prévoit que l'inflation au sein de la zone euro atteindra 1,6% cette année avant de ralentir à 1,5% en 2018, bien en-deça de l'objectif d'une hausse des prix proche mais inférieure à 2% de la BCE.
Les dernières prévisions de la BCE en la matière publiées en juin tablaient sur un taux de 1,5% cette année et de 1,3% en 2018.
"Les coûts liés à une longue période de non-réalisation de l'objectif d'inflation continuent de dépasser ceux liés à un dépassement", écrit le FMI. "Les appels de certains à une sortie de l'accommodation monétaire sont en conséquence prématurés", ajoute le Fonds.
L'Allemagne figure parmi les pays-membres de la zone euro les plus critiques à l'encontre de la politique d'assouplissement quantitatif de la BCE.
Afin de favoriser une reprise durable de l'inflation, le FMI plaide pour que l'Allemagne et d'autres pays de la zone euro qui bénéficient d'une croissance relativement forte favrorisent les hausses de prix et de salaires quitte à laisser l'inflation domestique dépasser le seuil de 2% pendant une période limitée.
L'Allemagne, première économie de la zone euro, devrait aussi augmenter l'investissement public, ce qui pourrait stimuler la croissance et faciliter les réformes structurelles dans des pays plus fragiles comme l'Italie, estime le Fonds.
Cette dernière, comme d'autres pays très endettés, devrait tirer parti de la reprise pour mettre en oeuvre des réformes structurelles et se redonner des marges de manoeuvre en vue de possibles chocs à venir, recommande le FMI.
Le Fonds a relevé lundi sa prévision de croissance pour la zone euro à 1,9% cette année et 1,7% l'année prochaine.
En dépit de cette amélioration des perspectives, le FMI souligne que la zone euro demeure sujette à certaines vulnérabilités, notamment en raison du niveau élevé des prêts non performants au sein du secteur bancaire.
Il préconise de fixer des "objectiofs ambitieux de réduction" de ces prêts non performants et d'adopter "une approche ferme en matière de fermeture des banques défaillantes".
Le Fonds soutient par ailleurs les projets de l'Union européenne de développement d'un marché secondaire pour ces prêts non performants afin d'éviter que des banques soient acculées à vendre des portefeuilles à prix cassés.
Il est aussi favorable à la mise en place de structures de défaisance nationales et se montre moins critique à l'idée de la mise en place d'une structure paneuropéenne.
Les ministres des Finances de l'Union européenne ont adopté ce mois-ci un ensemble de mesures destinées à faciliter le délestage par les banques européennes de leurs prêts non productifs et à permettre aux autorités réglementaires d'exiger un renforcement des fonds propres des banques pour y faire face, si nécessaire.
Avec Reuters.