DAVOS, Suisse (Reuters) - Les compagnies pétrolières américaines ont tenté mercredi d’apaiser les craintes de l’Opep de perdre des parts de marché, expliquant que leurs investisseurs souhaitaient une croissance moins forte de la production et de meilleurs rendements.
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, y compris la Russie, ont abaissé leur production depuis 2017 afin de soutenir les cours du pétrole tandis que les producteurs américains de pétrole de schiste, qui ne participent pas à leur accord, ont augmenté leur propre production.
Les Etats-Unis sont ainsi devenus le premier producteur mondial, devant la Russie et l’Arabie saoudite, avec une production proche de 12 millions de barils par jour (bpj).
Les prévisions de l’Opep, et même les projections du gouvernement américain, ont régulièrement sous-estimé la croissance de la production américaine.
Les patrons des compagnies américaines Occidental Petroleum et Hess Corp, qui participaient au Forum économique mondial de Davos, ont affirmé que la croissance de la production de pétrole de schiste aux Etats-Unis allait ralentir.
Ce forum est l’une des rares occasions pour les producteurs américains de s’asseoir à la même table qu’un représentant de l’Opep, en l’occurrence le secrétaire général Mohammed Barkindo.
“Je pense qu’il n’y aura pas un afflux aussi important d’argent dans le bassin Permien cette fois-ci. Je crois que les investisseurs vont demander des comptes aux compagnies sur le retour (sur leurs investissements) et cela n’a pas beaucoup été le cas jusqu’à présent”, a déclaré la PDG d’Occidental, Vicki Hollub.
Confirmant ses propos, le fondateur et PDG de Hess Corp a dit que la production de pétrole de schiste, qui représentait environ 6% de la production mondiale, irait probablement jusqu’à 10% d’ici 2025, mais qu’ensuite elle se stabiliserait.
Il a ajouté que les réserves américaines commenceraient à se dégrader. “Le schiste n’est pas la nouvelle Arabie saoudite. C’est une composante importante de court terme”, a-t-il déclaré.
Le président américain Donald Trump a accusé à plusieurs reprises l’Opep de manipuler les cours et exigé plusieurs fois l’an dernier que le cartel les fasse baisser. Il a aussi félicité l’Opep et l’Arabie saoudite quand les cours baissaient.
Les cours du pétrole ont atteint un pic de 86 dollars le baril en octobre, mais ils sont nettement retombés depuis. Mercredi, le Brent se traitait autour de 62 dollars.
Mohammed Barkindo a déclaré pour sa part que l’Opep visait à équilibrer l’offre et la demande sur le marché et avait aidé les Etats-Unis à sauver l’industrie du pétrole des prix ultra-bas.
“L’industrie du pétrole est en état de siège au niveau mondial”, a-t-il déclaré, ajoutant que l’Opep souhaitait parler de façon plus régulière aux producteurs américains de pétrole afin de mieux comprendre leurs enjeux, même s’ils ne peuvent pas participer aux plans de réduction de la production de l’Opep.
“L’Opep joue un rôle très important en stabilisant le marché et ces efforts doivent être reconnus”, a répliqué John Hess.
De son côté, Fatih Birol, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui représente les pays industrialisés, a souligné que la plupart des prévisions sous-estimaient encore la croissance de la production américaine.
“Il y a un potentiel énorme aux Etats-Unis”, a-t-il dit à Reuters, précisant que le pays pourrait augmenter sa production de 10 millions de bpj supplémentaires dans les 10 ans à venir.