Le géant pétrolier saoudien Aramco a enregistré une hausse de 39% de son bénéfice net au troisième trimestre de 2022 par rapport à la même période l'année dernière, a annoncé mardi l'entreprise publique qui profite des prix élevés du brut.
Ce résultat est rendu public alors que les pays exportateurs de pétrole de l'OPEP+, Arabie saoudite et Russie en tête, s'apprêtent à réduire leur production pour soutenir les prix de l'or noir, une décision qui a suscité l'ire de Washington ces dernières semaines, dans le contexte de la guerre en Ukraine et des élections de mi-mandat aux Etats-Unis.
L'augmentation du bénéfice net d'Aramco, passé à 42,43 milliards de dollars par rapport aux 30,43 milliards du troisième trimestre de 2021, est "principalement due à la hausse des prix du pétrole brut et des volumes vendus", a précisé Aramco sur le site de la Bourse de Ryad.
Le PDG d'Aramco, Amin Nasser, s'est félicité de "solides bénéfices" et d'un "flux de trésorerie disponible record" de 45 milliards de dollars de la société, contre 28,7 milliards de dollars à la même époque l'année dernière.
"Notre vision à long terme est que la demande de pétrole continuera de croître pour le reste de la décennie à venir, étant donné le besoin mondial d'une énergie plus abordable et plus fiable", a-t-il déclaré dans un communiqué.
Fleuron de l'économie saoudienne, qui repose essentiellement sur l'exportation de pétrole, Aramco est détenu en très grande majorité par l'Etat.
L'entreprise profite particulièrement de la flambée des prix, puisqu'elle a "de loin, le coût de production le plus bas", par rapport aux autres compagnies pétrolières, a déclaré à l'AFP Ellen Wald, chercheuse et spécialiste de ce sujet.
Après avoir souffert de la baisse des prix du pétrole depuis 2014, l'Arabie saoudite a bénéficié de la flambée de l'or noir accélérée par la guerre en Ukraine.
La monarchie du Golfe a notamment enregistré un rare excédent budgétaire au deuxième trimestre 2022, grâce aux revenus du pétrole qui ont bondi par rapport à l'année dernière, selon le ministère saoudien des Finances.
La première économie arabe a évalué lundi à 8,6% sa croissance économique au troisième trimestre de 2022 par rapport à la même période de l'année dernière, "principalement en raison de l'augmentation des activités pétrolières".
Le Fonds monétaire international a estimé que le PIB (produit intérieur brut) de l'Arabie saoudite devrait augmenter de 7,6 % cette année.
Mais un ralentissement économique en Chine, comme les craintes de récession en Europe et aux Etats-Unis, pourraient rendre difficile pour Aramco le maintien de tels résultats, même en tenant compte des réductions de l'Opep+.
Cette décision controversée, au moment où les prix du brut commençaient à retomber, s'explique "en grande partie par les préoccupations des pays producteurs de pétrole comme l'Arabie saoudite estimant que les prix de l'énergie n'étaient pas exactement là où ils voulaient qu'ils soient", a estimé Robert Mogielnicki, chercheur au centre de réflexion Arab Gulf States Institute.
"On assistera forcément à des contrecoups au fait qu'Aramco essaie de réaliser les mêmes bénéfices", a-t-il déclaré à l'AFP.
Les derniers résultats d'Aramco ont été publiés quelques jours avant le sommet de l'ONU sur le climat, COP27, visant à freiner le réchauffement climatique, auquel l'industrie pétrolière contribue largement selon les experts.
En 2021, avant le sommet sur le changement climatique COP26, l'Arabie saoudite avait promis d'atteindre la neutralité carbone avant 2060, suscitant le scepticisme des défenseurs de l'environnement.
Avec AFP.