FRANCFORT (Reuters) - Des perquisitions ont été effectuées mardi dans les bureaux du gestionnaire d’actifs BlackRock à Munich, a appris Reuters d’une source au fait du dossier, dans le cadre de l’affaire “cum-ex”, la plus grande enquête d’évasion fiscale en Allemagne depuis plus de soixante ans.
La pratique d’optimisation fiscale “cum-ex” consiste à acheter des actions d’une société avec un syndicat de banques, d’investisseurs et de fonds de couverture peu avant la déclaration d’un dividende afin de donner l’impression de nombreux propriétaires, puis à revendre ces actions rapidement lorsqu’elles sont ex-dividendes, ce qui crée l’impression de nombreux propriétaires dont chacun a droit à un rabais fiscal.
Friedrich Merz, président du conseil de surveillance de BlackRock Deutschland depuis 2016 et candidat déclaré à la succession d’Angela Merkel à la présidence de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), a déclaré avoir ordonné à la direction du fonds de coopérer avec les procureurs.
“J’ai ordonné à la direction de coopérer avec les autorités responsables de l’enquête et de mettre tous les documents sur la table. Tout fera l’objet d’une enquête et nous y participerons activement”, a-t-il dit en début de soirée lors d’une réunion politique à Düsseldorf à laquelle participait un de ses rivaux, le ministre de la Santé Jens Spahn.
Un porte-parole de BlackRock avait déclaré auparavant que la société “coopérait pleinement avec une enquête en cours concernant des transactions cum-ex sur la période 2007-2011”, soit avant l’arrivée de Merz à la tête de son conseil de surveillance.
Le parquet de Cologne s’est refusé à tout commentaire sur la perquisition chez BlackRock.
Celle-ci intervient alors que le ministre allemand des Finances, Olaf Scholz, a exhorté l’Europe à renforcer sa coopération contre les montages d’optimisation fiscale abusifs, après que Reuters et d’autres médias eurent révélé l’existence de faux accords commerciaux qui ont coûté des milliards d’euros aux contribuables.
L’inclusion de BlackRock dans l’enquête est importante car la société gère plus de 6.400 milliards de dollars (plus de 5.600 milliards d’euros) d’actifs, dont des actions de sociétés qu’elle prête à des banques dans le cadre de ses activités.
L’enquête implique déjà de nombreuses banques et investisseurs.
Le parquet de Cologne a aussi fait procéder à une perquisition chez HypoVereinsbank, filiale d’UniCredit en Allemagne, a dit une source proche du dossier, confirmant une information du journal Süddeutsche Zeitung.
UniCredit a refusé de s’exprimer sur le sujet.