PARIS (Reuters) - Société générale chute jeudi en Bourse après avoir fait état d’une perte nette de 326 millions d’euros au premier trimestre, affectée par le plongeon des marchés financiers et par une hausse de ses provisions pour risque de crédit, en raison de la crise liée à la pandémie de coronavirus.
La banque française, qui a avancé de six jours la date de publication de ses résultats trimestriels, indique que ses activités de banque de financement et d’investissement (BFI) ont enregistré une perte nette de 537 millions d’euros sur le trimestre.
Le groupe explique que ses activités de marché ont été impactées par “les dislocations de marché exceptionnelles de la fin du trimestre liées au COVID-19”.
A 14h08, l’action Société générale creuse ses pertes et abandonne 7,63% à 14,42 euros, accusant ainsi la plus forte baisse de l’indice CAC 40(-0,68%).
Le titre a perdu plus de la moitié de sa valeur depuis le début de l’année tandis que l’indice bancaire européen a cédé près de 34%.
“Je ne suis pas surpris par les provisions pour risque de crédit car je pense que le consensus était trop optimiste”, observe Jérôme Legras, associé gérant et directeur de la recherche chez Axiom Alternative Investments. “Mais la banque d’investissement a été vraiment décevante et deux dossiers de fraude ne semblent vraiment pas bons.”
La banque précise dans un communiqué que ses activités dans les produits structurés ont subi des pertes de quelque 255 millions d’euros du fait de la vague d’annulation de dividendes de nombreux groupes côtés et de défauts de contrepartie.
Lors d’une conférence de presse téléphonique, Séverin Cabannes, le directeur général délégué de SocGen en charge de la BFI, a déclaré que ces défauts de contrepartie concernaient des clients hedge funds (fonds spéculatifs) de la banque, sans donner plus de précisions.
COÛT DU RISQUE MULTIPLIÉ PAR TROIS
Frédéric Oudéa, le directeur général de la banque, a de son côté dit aux analystes que les revenus du trading actions, qui ont chuté de 99% entre janvier et mars, étaient une “grande déception”.
Ces pertes dans la BFI de la Société générale contrastent néanmoins avec les banques américaines à l’image de JPMorgan dont les revenus ont augmenté dans la banque d’investissement au cours du premier trimestre.
L’établissement bancaire français a aussi vu ses provisions pour risque de crédit grimper, la crise faisant craindre des défauts de paiements et des reports d’échéance de remboursement de crédits.
Son coût du risque a du coup été multiplié par trois sur le trimestre pour atteindre 820 millions d’euros.
Frédéric Oudéa a indiqué que le coût du risque pourrait rester “relativement élevé” en 2021 tout en ajoutant qu’il était difficile de faire des prévisions compte tenu de la crise actuelle.
Son produit net bancaire a quant à lui chuté de 16,5% entre janvier et mars à 5,17 milliards d’euros.
Pour 2020, Société générale confirme néanmoins son objectif de baisse des frais généraux tout en ajoutant que la banque prévoit de réduire ses coûts de 600 à 700 millions d’euros en plus cette année.
Le groupe avait déjà prévenu fin mars qu’il annulait toute distribution de dividende au titre de l’exercice 2019 et qu’il abandonnait les objectifs pour 2020.
Les trois autres banques françaises BNP Paribas, Crédit agricole et Natixis, publieront leurs résultats trimestriels la semaine prochaine.