Les Turcs se sont prononcés dimanche en faveur de la réforme constitutionnelle accordant les pouvoirs exécutifs au chef de l'Etat changeant ainsi le système de gouvernance du pays presque 94 ans après la création de la République, le 29 Octobre 1923, dont les institutions relevaient du régime parlementaire.
Les électeurs ont approuvé la réforme, un paquet de 18 articles, par 51,36 % de vote sur 99,33 % des urnes dépouillées mais sans donner la large majorité espérée par le parti Justice et Développement (AKP, au pouvoir depuis 2002) qui avait défendu que ce système présidentiel serait une bonne alternative aux difficultés rencontrées lors des dernières élections législatives et permettrait davantage de stabilité.
Avec la présidentialisation du système, qui entrera en vigueur en 2019, "les récurrentes difficultés de formation de gouvernement disparaîtront", a martelé l’AKP précisant que, depuis 1923, soixante-dix gouvernements se sont succédé avec une moyenne (1,5 an en moyenne) pour justifier ce choix d’un exécutif fort et de changement puisque "le régime parlementaire s’est avéré instable".
Avec l’approbation de cette réforme, c’est surtout un terme qui a été mis à une situation, pour le moins, "ambigüe" où le Premier ministre, constitutionnellement détenteur du pouvoir exécutif qui gouverne en s’appuyant sur une majorité au parlement, est relégué au second plan par un président charismatique mais au pouvoir protocolaire, "légalisant" ainsi ce "système présidentiel de facto".
Le président, au pouvoir depuis 2003 en sa qualité de Premier ministre avant d’être porté par suffrage universel direct à la magistrature suprême du pays, a, encore une fois, bénéficié d’un soutien populaire, la campagne référendaire ayant pris les allures de pour et contre Erdogan, a assuré à la MAP Semra Ozan, descendue dans la place emblématique de Taksim pour célébrer cette victoire, martelant que le président Erdogan entretient avec le peuple une relation très solide qu’aucun autre dirigeant turc n’a jamais eu depuis le fondateur de la République Mustafa Atatürk.
MAP.
Ce changement s’inscrit dans la continuité de la politique de l’AKP, cofondé par M. Erdogan, les dirigeants estimant cette réforme garante de la stabilité d’un exécutif fort sans tomber dans les "tiraillements" et désaccords des coalitions à l’origine des instabilités gouvernementales des années 1970 et 1990.