Le gouvernement kényan envisage d'élargir son domaine de coopération en matière d'énergie nucléaire, a indiqué "Kenya Nuclear Electricity Board" (KNEB) qui affirme avoir déjà contacté un certain nombre de partenaires internationaux qui possèdent une vaste expérience en la matière.
"Nous avons déjà signé des accords avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ainsi qu'avec le gouvernement chinois pour accélérer le développement de l'énergie nucléaire au Kenya", a confirmé jeudi à Nairobi le PDG par intérim du KNEB, Collins Juma M. Juma, cité par des médias.
Le gouvernement kényan, qui réfléchit depuis quelques temps déjà à son programme nucléaire se donne moins d'une décennie pour profiter des premiers mégawatts. La future centrale devant ouvrir à l'horizon 2025. D’une capacité initiale de 1.000 mégawatts au lancement, la puissance cumulée de ses réacteurs pourrait atteindre 4.000 MW d’ici à 2033 et faire de l’électricité nucléaire "une composante fondamentale" du mix énergétique du pays. Un package essentiellement composé jusqu'à présent de centrales au fioul. Et dans une moindre mesure, de sources renouvelables telles que la géothermie, l'éolien ou encore l’hydroélectricité, au potentiel toutefois limité en raison des sécheresses à répétition que subit le pays.
"Néanmoins, en raison de nouveaux défis tels que la nécessité de mettre en place l'infrastructure nécessaire, la centrale électrique ne peut être fonctionnelle qu'après 2027", a expliqué M. Juma, lors de la quatrième édition du Débat sur la grande énergie qui a mis l'accent sur les défis posés par l'augmentation de la demande en électricité ainsi que les possibilités offertes aux entrepreneurs dans le secteur énergétique.
La forte demande actuelle d'électricité signifie que le Kenya épuiserait ses sources d'énergie hydraulique, éolienne et géothermique vers 2025, selon KNEB, l’organisme chargé de la production électrique issue de ces installations.
"Cela obligera le Kenya à rechercher des sources d'énergie alternatives telles que l'énergie nucléaire pour fournir de l'électricité au pays", a estimé le responsable, soulignant que son pays est actuellement en train d'identifier un site idéal pour y installer sa première centrale électrique.
C’était le ministre kényan de l’Energie et du Pétrole, Charles Keter, qui l’avait annoncé le 14 mars dernier avec un air de triomphe. Nairobi se dotera d’une centrale nucléaire de 35.000 MW dès 2027. Le coût estimé du projet est de 9 milliards de dollars.
Le projet a commencé en 2010 par une recommandation du Conseil national économique et social (NESC), qui y voyait un moyen d’engranger des coûts de compétitivité. En 2011, l’Agence internationale de l’énergie atomique approuve la demande kenyane de se doter d’une centrale nucléaire.
En septembre 2015, une lettre d’intention est signée à cet effet entre "Kenya Nuclear Electricity Board" et "China General Nuclear" (CGN). Cette première entente sur le nucléaire prévoit que les deux pays procèdent à l’évaluation des différentes options de coopération dans ce domaine, notamment en matière de recherche et de développement, de construction, d’exploitation, de fourniture de combustible, de sécurité nucléaire, de gestion des déchets radioactifs et de démantèlement des centrales.
Selon la Banque mondiale, actuellement 3 Kényans sur 10 ont accès à l’électricité. Or, la demande devrait connaître une forte augmentation dans les prochaines années, en lien avec l’accroissement de la population.
Le pays de l’Afrique de l’Est ambitionne de porter le taux d’accès à l’électricité à 70 pc en 2017 à la faveur de ses investissements dans la production d’énergie issue de source géothermique.
Le Kenya a résolument pris le pari d’investir dans la géothermie en tant que source d'énergie propre, renouvelable et bon marché. Il a plus que doublé sa production énergétique issue de la géothermie à 609 MW ces dernières années, soit plus d'un quart de sa production globale d’électricité, occupant ainsi le 8è rang à l’échelle mondiale avec 5 pc de la production.
Le pays est à même d’exploiter les ressources géothermiques dans la vallée du Rift (ouest) dans le cadre de ses ambitions d’ajouter 5.000 mégawatts au réseau national. Il prévoit d'augmenter le nombre de clients de 2,8 millions à 8 millions, en cinq ans, ce qui portera à 70 pc l'accès à l'électricité contre 32 pc actuellement.
Dans sa "Vision 2030", le Kenya a identifié l’énergie et l’électricité comme éléments clés de sa transformation économique, avec la géothermie en tant que technologie de premier plan.