L'objectif d'une croissance de 1,5% de l'économie française maintenu par le gouvernement pour 2017 reste vraisemblable, estime mercredi le Haut conseil des finances publiques (HCFP), qui réitère cependant ses critiques sur la sous-estimation récurrente du déficit structurel. "Au regard des enquêtes de conjoncture favorables et de l'amélioration de la croissance mondiale", la prévision d'une progression de 1,5% du produit intérieur brut (PIB) cette année "reste plausible, même si certaines données d'activité de l'économie française sont décevantes en début d'année", souligne le HCFP dans son avis sur le projet de programme de stabilité pour la période 2017-2020 présenté mercredi en conseil des ministres.
Le Haut conseil souligne cependant que cette prévision "est légèrement supérieure à la plupart des prévisions disponibles", alors que les anticipations de la Banque de France et des grandes institutions internationales s'échelonnent entre 1,3% et 1,4%.
Le HCFP se montre par ailleurs, comme dans ses précédents avis, plus sévère sur les hypothèses d'écart de production et de croissance potentielle retenues par le gouvernement.
Des hypothèses de croissance potentielle "toujours nettement supérieures" aux estimations des organisations internationales ont contribué à entretenir l'hypothèse d'un écart de production "peu vraisemblable" dont la surestimation se traduit par une minoration de la composante structurelle du déficit public, relève-t-il.
"Cette sous-estimation du déficit structurel minimise l'effort à engager pour atteindre l'équilibre des finances publiques à moyen terme", souligne le HCFP, mettant une nouvelle fois l'accent sur la réduction du déficit structurel, source de débats récurrents entre Paris et Bruxelles. "RISQUES IMPORTANTS"
Alors que le gouvernement a relevé dans le programme de stabilité sa prévision de déficit public à 2,8% du PIB fin 2017, contre 2,7% auparavant, le HCFP souligne que "les dernières informations budgétaires et mesures communiquées par les administrations ne modifient pas l'appréciation critique" formulée dans son avis de septembre dernier.
Il avait alors qualifié également d'"incertain" le retour du déficit public sous le seuil de 3% du PIB l'an prochain, jugeant cette prévision fragilisée par les prévisions de dépenses mais aussi de recettes du budget 2017.
Dans ce nouvel avis, le HCFP rappelle une nouvelle fois que "des risques importants pèsent sur la réalisation des objectifs de déficit public, structurel et effectif, pour 2017."
Il relève en revanche que la révision à la baisse des hypothèses de croissance du PIB et d'inflation pour la période 2018-2020 par rapport à la précédente édition du programme de stabilité, constitue un "scénario, plus prudent (qui) peut constituer une base raisonnable pour la construction de trajectoires de finances publiques."
Le gouvernement prévoit désormais une croissance de 1,5% en 2018, de 1,6% en 2019 et de 1,7% en 2020 (contre 1,75% en 2018 et 1,9% en 2019 l'an dernier).
Le programme de stabilité pour la période 2017-2020 reste largement symbolique, puisque la trajectoire des finances publiques pour les prochaines années sera fixée par l'exécutif désigné par l'élection présidentielle d'avril-mai et les législatives de juin.