Le Fonds Monétaire International (FMI) a recommandé aux autorités tunisiennes de réduire le déficit budgétaire en 2018 et 2019 pour stabiliser la dette.
"Rester sur la voie de la réduction du déficit budgétaire cette année et l'année prochaine est essentiel pour stabiliser la dette et réduire la demande excessive d'importations, étant donné l'augmentation importante des prix internationaux du pétrole", souligne une équipe du FMI dans un communiqué publié à l’issue d'une visite du 15 au 31 août à Tunis.
L'équipe, dirigée par Björn Rother, estime qu'il sera particulièrement important de poursuivre les réformes des subventions (actuellement peu ciblées) de l’énergie, de gérer soigneusement la masse salariale publique ainsi que de redresser, sur des bases viables, la situation des caisses de sécurité sociale pour les secteurs public et privé.
Ces mesures aideront à contenir les dépenses qui profitent de manière démesurée aux plus nantis et mettront également davantage de ressources à la disposition des investissements publics, ce qui stimulera la croissance et l'emploi, au profit des jeunes et des chômeurs, argumente le fonds.
Le FMI, qui relève qu'un accord a été trouvé avec les autorités tunisiennes au niveau des services sur la quatrième revue du programme de réformes économiques soutenu par le Mécanisme Elargi de Crédit (MEDC), s'est réjoui de certains "signaux encourageants", indiquant que "la reprise économique est en bonne voie" et que l’engagement des autorités à réduire les déséquilibres budgétaires porte également ses fruits.
D'après Björn Rother cité par le communiqué, "les autorités tunisiennes ont souligné leur intention de continuer à agir de manière décisive pour contenir le déficit budgétaire, ce qui permettrait au Conseil d’administration du FMI d’examiner la quatrième revue à la fin du mois de septembre".
Il rappelle que l'achèvement de la revue permettrait l’accès à 257 millions de dollars, ce qui porterait le total des décaissements au titre du MEDC à environ 1,5 milliard de dollars.
Tout en se félicitant de certaines performances réalisées dans les secteurs de l'agriculture, du tourisme et des services, il explique que l'exécution du budget sur les six premiers mois de 2018 est conforme avec l’objectif de réduire significativement le déficit cette année, précisant que la maitrise des déficits contribuera à réduire la dette publique élevée de la Tunisie qui pèse sur l’économie et les générations futures.
Malgré ces signaux encourageants, le FMI note que l’économie, bien qu’en croissance, reste trop dépendante de la consommation et des importations et l'investissement a encore été faible cette année.
"Le chômage chez les jeunes et les femmes, particulièrement les diplômés, reste très élevé", déplore l'institution, soulignant que des réformes économiques supplémentaires, notamment pour renforcer la gouvernance, et l’intensification de la lutte contre la corruption, sont nécessaires pour surmonter les réticences des investisseurs et rétablir la confiance.
D'après le Fonds, "ces efforts contribueront à libérer le potentiel du secteur privé et à générer plus d'opportunités et d'emplois pour tous les Tunisiens".
Le communiqué fait remarquer que les déséquilibres économiques de longue date continuent de poser des risques importants pour l’économie tunisienne, estimant que l’inflation a récemment connu une légère baisse, mais à 7,5 %, elle reste considérablement plus élevée que les années précédentes.
La monnaie et le crédit ont continué à augmenter rapidement et le dinar s'est davantage déprécié, ce qui créera probablement de nouvelles pressions inflationnistes dans les mois à venir, met en garde le FMI.
Il indique que l'amélioration attendue du déficit de la balance courante prend plus de temps que prévu avec des importations encore trop élevées par rapport aux exportations et aux autres flux d’entrées de devises, et des réserves de change encore inférieures aux niveaux généralement observés dans les économies émergentes. Le FMI souligne, en outre, que l’environnement extérieur de la Tunisie est confronté à de nouveaux défis, expliquant que les prix du pétrole sont nettement plus élevés que ce qui était prévu en début d’année, les marchés financiers internationaux sont devenus plus volatils et les primes de risque pour un large éventail de marchés émergents ont augmenté.
L’équipe du FMI se félicite de l’intention du gouvernement d’accroître davantage les dépenses sociales, considérant qu’elles restent essentielles pour protéger les pauvres et les personnes vulnérables au cours de la période à venir.
"La Banque Centrale de Tunisie (BCT) a raison de rester vigilante, vu que la récente baisse de l'inflation pourrait être temporaire", poursuit par ailleurs la même source, qui souligne que si l’inflation devait reprendre au cours des prochains mois, des hausses supplémentaires des taux d’intérêt seraient nécessaires pour ancrer les anticipations d’inflation et maintenir la stabilité économique.