La Suisse a été classée pour la troisième fois consécutive en tête du classement mondial 2015 de l'opacité financière, établi par le réseau international d'experts Tax Justice Network (TJN).
"Certes le pays helvétique compte introduire en 2018 l'échange automatique, ses banques reçoivent toujours des flux d'argent sale en provenance de pays du Sud", estimé Daniel Hitzig, co-auteur de l'étude pour le compte de TJN.
Dans le classement de cette année, la place financière suisse se place devant Hong Kong, les Etats-Unis, Singapour et les Iles Caïmans.
La Grande-Bretagne, qui entretient un réseau de paradis fiscaux sur l'ensemble de la planète, serait la véritable championne de l'opacité financière si l'on prenait en compte les territoires outre-mer qui en dépendent, précisent les auteurs du rapport.
"Cependant, la Suisse reste la mère de tous les paradis fiscaux, au regard avant tout de la grande discrétion de son secteur financier : le secret bancaire est tout sauf mort", ont-ils noté.
Le pays a certes dû faire des concessions en la matière, mais il est retardataire dans les réformes, ne serait-ce qu'en comparaison à d'autres places financières de poids, comme le Luxembourg.
Les banques et instituts helvétiques, ajoute l'étude, appliquent une double stratégie : ils ont laissé de côté les membres de l'OCDE pour accroître leurs parts de marché dans les pays moins aisés. "Ce n'est pas un hasard si le Conseil national, chambre basse du parlement, a refusé d'instaurer de nouvelles obligations de diligence en septembre", relève-t-on.
Tax Justice Network reconnaît que la communauté internationale a fait des efforts vers davantage de transparence ces dernières années suite à l'augmentation de la pression politique. Après tout, soutient-il, le système financier global "demeure quand même un désert à ce niveau".
Etabli tous les deux ans depuis 2009, l'indice classe 92 places financières selon leur degré de discrétion selon 15 critères ainsi que leur part dans le marché global des prestations financières internationales.(MAP)