La production industrielle du Japon a reculé en mai à son rythme le plus marqué depuis le tremblement de terre dévastateur de mars 2011 et les stocks ont atteint leur niveau le plus élevé depuis près d'un an, des données qui suggèrent que l'accélération anticipée de la croissance du pays pourrait connaître quelques à-coups.
Les dépenses des ménages ont également diminué le mois dernier, mettant ainsi apparemment hors de portée l'objectif d'une augmentation de 2% des prix à la consommation de la Banque du Japon (BoJ).
Les coûts de l'énergie ont été les seuls facteurs de hausse de l'inflation, qui reste faible, soulignant de fait la fragilité de la reprise au Japon.
La récente baisse des coûts du pétrole et une croissance des salaires toujours aussi lente pourraient peser encore davantage sur les perspectives du pays et amener la BoJ le mois prochain à réduire de nouveau ses projections en matière d'inflation, estiment les analystes.
"La production donne l'impression qu'elle rentre dans une période de stagnation", a déclaré Hiroaki Muto, économiste au Tokai Tokyo Research Center. "Si la production est faible, il est peu probable que les dépenses de consommation se renforcent. La BoJ devra peut-être réduire ses prévisions concernant les prix à la consommation".
La production industrielle a baissé plus que prévu, de 3,3% en mai, car les constructeurs automobiles et les fabricants de machines de construction ont réduit leur production pour faire face à la hausse des stocks, montrent les données publiées vendredi par le ministère du Commerce.
Alors que les prévisions du secteur pour le mois de juin suggèrent que la production augmentera de 2% ou plus sur la période avril-juin, elle pourrait plafonner après le trimestre en cours, car certains fabricants de biens d'équipement commandent moins de pièces à l'étranger, a dit à la presse un responsable du ministère du commerce.
Un ralentissement de la production serait une mauvaise nouvelle pour les autorités japonaises, qui fondent leurs espoirs sur une forte demande de l'étranger pour arriver à une hausse à la fois des bénéfices des entreprises, des salaires et, in fine, de la consommation.
L'INFLATION RESTE MODÉRÉE
L'indice de base des prix à la consommation ("core CPI"), qui inclut les produits pétroliers mais exclut les produits alimentaires frais, a progressé de 0,4% en mai sur un an. C'est son cinquième mois consécutif de gain et celui-ci marque une accélération par rapport à la hausse de 0,3% enregistrée en avril.
Mais hors coûts de l'énergie, l'inflation des prix à la consommation est restée inchangée en mai par rapport à l'année précédente.
Les prix à la consommation de base à Tokyo, disponibles un mois avant les données nationales, n'ont également pas bougé en juin par rapport à l'année précédente, alors que le consensus Reuters prévoyait un gain de 0,2%.
"La BoJ fait valoir que la trajectoire de l'inflation s'améliore grâce à la robustesse de l'économie. Mais il n'en est rien", a déclaré Yoshiki Shinke, chef économiste chez Dai-ichi Life Research Institute.
"On voit simplement comment les entreprises, sachant que les consommateurs sont très sensibles aux prix, hésitent à augmenter les prix", a-t-il ajouté.
Les dépenses des ménages ont diminué de 0,1% en mai par rapport à l'an dernier, soit le quinzième mois de baisse d'affilée, la plus longue série de repli jamais enregistrée.
Ces faibles dépenses reflètent la lenteur de la croissance des salaires, malgré un resserrement continu du marché du travail, selon les analystes.
Le taux de chômage au Japon a cependant augmenté de façon inattendue à 3,1% en mai car de nombreux salariés ont démissionné pour trouver de meilleurs emplois et de nouveaux candidats ont rejoint le marché du travail.
Le nombre d'emplois vacants a augmenté pour le troisième mois consécutif en mai pour atteindre 1,4 emploi par candidat, son niveau le plus élevé depuis février 1974, montrent des données du ministère des Affaires intérieures, ce qui suggère un décalage permanent entre les emplois offerts et les salariés qui souhaitent ou sont qualifiés pour le faire.
Au premier trimestre, l'économie japonaise avait progressé au rythme annuel de 1,0% grâce à de solides exportations et un coup de pouce de la consommation, amenant ainsi la BoJ a relever son évaluation globale de l'économie en avril.
La BoJ devrait revoir à nouveau à la hausse son évaluation économique en juillet, mais devrait réduire ses prévisions d'inflation, ont dit à Reuters des sources.