PARIS (Reuters) - La Bourse de New York a fini mardi en baisse, les investisseurs lisant dans une courbe des taux de plus en plus inversée le signal d’une possible entrée de l’économie américaine en récession à plus ou moins court terme.
L’indice Dow Jones a cédé 120,93 points, soit 0,47%, à 25.777,90.
Le S&P-500, plus large, a perdu 9,22 points (0,32%) à 2.869,16.
Le Nasdaq Composite a reculé de son côté de 26,79 points (0,34%) à 7.826,95.
La séance avait pourtant commencé dans le vert, dans le sillage de la hausse de la veille après les déclarations de Donald Trump annonçant que Pékin souhaitait revenir à la table des négociations sur le commerce.
Le doute s’est installé après que le ministère des Affaires étrangères chinois a réaffirmé n’avoir été informé d’aucun entretien téléphonique récent entre les deux pays.
Parallèlement, les prix des emprunts d’Etat ont continué de grimper, et pas seulement celui des Treasuries à deux ans, stimulé par une adjudication d’obligations de cette maturité pour 40 milliards de dollars.
L’inversion de la courbe des taux, qui intervient quand les taux courts passent au-dessus des taux longs, s’est même accentuée avec des rendements respectifs de 1,53% pour le deux ans et 1,48% pour le 10 ans.
Cette inversion, qui s’observe également entre le 10 ans et d’autres maturités, est considérée historiquement comme le signe annonciateur d’une récession, ce qui explique la nervosité du marché américain.
“Le fait est que la dernière fois que la courbe des taux s’est inversée, c’était en 2007 et nous sommes entrés en récession en décembre de cette même année”, rappelle Michael Geraghty, responsable de la stratégie actions de Cornerstone Capital Group.
Le S&P-500 a perdu près de 4% depuis le début du mois d’août, pénalisé par les inquiétudes du marché concernant l’impact des tensions commerciales sur l’économie mondiale et sur les bénéfices des entreprises.
Les investisseurs s’interrogent en outre sur le rythme des baisses de taux à venir, en attendant la prochaine réunion monétaire de la Réserve fédérale, mi-septembre.
VALEURS
En Bourse, les financières, qui n’aiment ni les taux bas ni les perspectives économiques moroses, ont logiquement souffert, leur indice S&P abandonnant 0,70%.
Aux valeurs individuelles, Philip Morris a chuté de 7,69% et Altria Group a cédé 3,99% après la confirmation de négociations en vue d’une fusion entre les deux groupes de produits du tabac, issus d’une scission en 2008.
La plus forte hausse du Dow Jones est pour Johnson & Johnson (J&J), qui a pris 1,44% après une condamnation moins lourde que prévu dans le cadre d’un procès lié à la surconsommation d’opioïdes dans l’Oklahoma.
LES INDICATEURS DU JOUR
Du côté de la conjoncture, la confiance du consommateur américain s’est dégradée moins fortement qu’attendu au mois d’août, a montré l’enquête mensuelle du Conference Board.
LA SÉANCE EN EUROPE
La plupart des Bourses européennes ont terminé en hausse, les investisseurs s’accrochant à l’espoir d’une reprise du dialogue entre les Etats-Unis et la Chine.
À Paris, l’indice CAC 40 a pris 0,67% à 5.387,09 points. Le Dax allemand a progressé de 0,62% et le Footsie britannique a perdu 0,08%, pénalisé par le rebond de la livre sterling.
L’indice EuroStoxx 50 a gagné 0,65%, le FTSEurofirst 300 0,61% et le Stoxx 600 0,63%.
La Bourse de Milan a surperformé avec un gain de 1,52%, portée comme les obligations souveraines italiennes par les signes de progrès dans les négociations entre le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème) et le Parti démocrate (PD, centre gauche) en vue de la formation d’une nouvelle coalition gouvernementale qui permettrait d’éviter des élections anticipées.
CHANGES
Du côté des devises, le dollar recule légèrement face à un panier de référence, reflet du retour des doutes sur le commerce, et l’euro perd un peu de terrain, autour de 1,1088 dollar
La livre sterling reprend environ 0,6% face au dollar comme à l’euro après que le chef de file du Parti travailliste, Jeremy Corbyn, a déclaré qu’il ferait “tout ce qui est nécessaire” pour empêcher le Royaume-Uni de quitter l’Union européenne sans accord.
PÉTROLE
Les cours du pétrole ont terminé en hausse, portés notamment par des anticipations d’une baisse des stocks aux Etats-Unis.
Le contrat octobre sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a gagné 1,29 dollar, soit 2,40%, à 54,93 dollars le baril.
Le Brent de même échéance a pris 81 cents (1,38%) à 59,51 dollars.
À SUIVRE MERCREDI
Les investisseurs seront attentifs notamment à l’indice GfK du moral des ménages allemands (08h00 GMT).