(Reuters) - Plus de deux ans après le lancement l‘Apple Watch, Apple a finalement réussi à transformer en réalité le vieux fantasme de science-fiction d‘une montre-téléphone, une avancée susceptible de doper ses ventes, selon des analystes.
La série 3 de l‘Apple Watch, présentée mardi en même temps que le très attendu iPhone X, peut se connecter aux réseaux mobiles de quatrième génération, ce qui le rend totalement indépendant de l‘iPhone pour passer ou recevoir des appels, envoyer des SMS ou même accéder au service musical en streaming du groupe. Sur les générations précédentes, pour réaliser ces prouesses il fallait disposer d‘un iPhone à proximité.
De Dick Tracy, comic strip policier américain à succès des années 1930, à l‘Inspecteur Gadget, en passant par Star Trek, James Bond ou K2000, la montre-téléphone a capturé l‘imaginaire de plusieurs générations.
“Ce fut notre vision dès le début”, a déclaré Jeff Williams, directeur général délégué d‘Apple, en présentant le produit mardi à l‘Apple Park, le nouveau siège en forme de vaisseau spatial du groupe à Cupertino, en Californie.
“A présent, vous pouvez aller courir avec votre montre et être toujours joignable. C‘est superbe de savoir que vous pouvez être contacté en cas de besoin”, a-t-il ajouté.
Certes, depuis 2014, Samsung Electronics vend des montres connectés dotées d‘une connexion au réseau mobile, mais ces modèles sont volumineux et disposent d‘une batterie de faible autonomie en raison d‘une importante consommation énergétique pour la transmission des données. Ils ont également besoin d‘un numéro de téléphone supplémentaire.
Selon Apple, la nouvelle montre dispose d‘une autonomie en usage de 18 heures et est à peine plus épaisse que la génération précédente. Elle utilise le même numéro de téléphone que celui de l‘iPhone avec lequel elle se synchronise au départ.
Le groupe californien a dit s’être associé avec les quatre principaux opérateurs télécoms américains pour proposer des services pour sa montre. AT&T et T-Mobile US factureront leurs services à 10 dollars par mois.
La plupart des analystes estiment que la nouvelle montre devrait doper les ventes grâce à sa compatibilité avec les réseaux mobiles, mais ils divergent sur le volume des ventes.
À 399 dollars, l’équivalent de 333 euros, la série 3 de l‘Apple Watch est à peine plus chère que le modèle précédent proposé 329 dollars, le premier à intégrer un GPS autonome.
“La troisième version fait le charme de la montre”, note Bob O‘Donnell, de Techanalysis Research.
Ce sont les frais mensuels récurrents, largement supérieurs aux 70 dollars d’écart entre les deux versions, qui pourraient freiner à terme l‘ardeur des consommateurs, estime pour sa part Brian Blau, analyste qui couvre Apple pour Gartner.
“Oui, il faudra payer cet abonnement supplémentaire, même si les opérateurs devraient se montrer raisonnables”, explique-t-il.
Depuis le lancement de l‘Apple Watch en avril 2015, Apple n‘a jamais communiqué de chiffre de ventes pour sa montre connectée.
Toni Sacconaghi, analyste chez Bernstein, estime que le groupe écoulera 12 millions de montres pour son exercice fiscal 2017 et 14 à 15 millions d‘exemplaires l‘an prochain. Gene Munster de Loup Ventures s‘attend pour sa part à 26 millions d‘unités en 2018.
Avec la série 3, Apple accroît la pression sur ses concurrents comme Fitbit et Garmin, désormais contraints de rivaliser techniquement avec ce modèle.
Mais Fitbit estime disposer encore d‘une marge de manoeuvre suffisante face à Apple car l‘Apple Watch s‘adresse toujours aux utilisateurs déjà équipés d‘un iPhone et n‘est pas compatible avec le système d‘exploitation de Google, filiale d‘Alphabet.
“Android représentant environ 80% du marché mondial des smartphones, une large compatibilité reste un élément de différenciation pour Fitbit”, a fait valoir la société dans un communiqué adressé à Reuters.
Sollicité, Garmin n’était pas disponible dans l‘immédiat pour un commentaire.
Même en cas d’énorme succès de la montre, l‘impact sur le chiffre d‘affaires total d‘Apple restera négligeable car l‘iPhone représentait l‘an dernier 63% des 215 milliards de dollars de ventes réalisés par le groupe.