Lundi 17 Decembre 2018

La BoJ maintient le cap malgré les turbulences

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TOKYO (Reuters) - La Banque du Japon (BoJ) a maintenu jeudi sa politique monétaire ultra-accommodante en réaffirmant la bonne santé de l’économie malgré les turbulences provoquées sur les marchés financiers par les craintes de ralentissement de la croissance mondiale, qui menacent son objectif d’inflation.

Comme attendu, la banque centrale japonaise a maintenu son objectif de taux d’intérêt à court terme à -0,1% et celui du rendement à dix ans autour de 0%, par sept voix contre deux des membres de son comité de politique monétaire.

“L’économie japonaise croît à un rythme modéré” et les économies étrangères dans leur ensemble continuent de bénéficier d’une croissance régulière, a estimé la BoJ dans un communiqué.

Elle a également réaffirmé l’engagement pris en juillet de maintenir des taux d’intérêts très bas pendant une période prolongée, dans la mesure où l’inflation reste loin de son objectif de 2%.

Même si elle maintient le cap, la BoJ est bel et bien confrontée à un dilemme: des années d’injections massives de liquidités ne lui laissent que peu de moyens pour combattre une éventuelle récession et le ralentissement actuel de la croissance mondiale risquent de la priver de toute chance de reconstituer son arsenal.

Le maintien de la politique actuelle de soutien se révèle lui-même coûteux car les taux très bas qu’elle pratiquent pèsent sur la rentabilité des banques tandis que ses achats de titres assèchent la liquidité du marché obligataire.

“La BoJ est prise au piège entre la nécessité de répondre aux effets secondaires de son soutien et la perspective d’un ralentissement mondial et d’une guerre commerciale. Elle pourrait donc être incapable de bouger dans quelque direction que ce soit l’an prochain”, estime Hiroshi Shiraishi, économiste senior de BNP Paribas Securities.

“La BoJ pourrait être poussée à un nouvel assouplissement de sa politique en 2020 en cas de ralentissement accru en Chine et aux Etats-Unis, qui pèserait sur les exportations et l’investissement au Japon.”

LES RENDEMENTS À LONG TERME RISQUENT DE DEVENIR NÉGATIFS

La BoJ avait infléchi sa stratégie en juillet pour la rendre plus supportable en acceptant de laisser les rendements obligataires évoluer de manière plus souple autour de son objectif de rendement nul.

Cette décision visait entre autres à favoriser une hausse naturelle des rendements à long terme, et donc les profits des institutions financières.

Mais les rendements à long terme japonais ont suivi ces derniers mois la baisse de ceux des emprunts d’Etat américains, elle-même liée à la montée de l’aversion au risque chez les investisseurs.

Le rendement des emprunts d’Etat japonais (JGB) à dix ans est tombé mercredi à 0,01%, son plus bas niveau depuis septembre 2017.

Les marchés attendent maintenant la conférence de presse du gouverneur de la banque centrale, Haruhiko Kuroda, dans l’espoir qu’il leur donne des indices sur l’attitude qu’adopterait la BoJ dans le cas où le rendement à dix ans basculerait en territoire négatif.

Plusieurs sources ont déclaré à Reuters que la BoJ tolérerait des rendements à long terme négatifs à condition que le dix ans reste contenu dans la fourchette de -0,2% à +0,2% fixée en juillet.

L’affirmation une telle politique susciterait toutefois sans doute des réticences chez certains membres du comité de politique monétaire, qui ont déjà exprimé à voix haute leur préoccupation quant aux risques d’une baisse excessive des rendements, estiment certains analystes.

“La BoJ pourrait ralentir ses achats d’obligations pour empêcher une baisse excessive des rendements. Mais cela risquerait de favoriser la hausse du yen”, explique Takahide Kiuchi, ancien membre du comité de la BoJ et aujourd’hui économiste au Nomura Research Institute.

Le yen s’appréciait de plus de 0,5% face au dollar et de 0,3% face à l’euro vers 06h25 GMT, à 111,92 pour un dollar et 127,52 pour un euro.

La Bourse de Tokyo a fini la journée sur une baisse de 2,84% et a plus bas depuis fin mars, un recul qui s’explique principalement par les décisions annoncées la veille par la Réserve fédérale américaine, jugées insuffisamment accommodantes par une partie des investisseurs.

 

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