(Reuters) - Les responsables de la Banque centrale européenne (BCE) vont définir les conditions des futures opérations de refinancement à long terme ciblées (TLTRO) dans l’idée de réduire progressivement l’appétit des banques commerciales pour ces facilités, a appris Reuters auprès de quatre sources proches des débats au sein de la BCE.
Ce faisant, la BCE entend réduire la dépendance des banques envers la banque centrale pour leur approvisionnement en liquidités, ont expliqué les sources.
Pour contrer le ralentissement de la croissance de la zone euro, la BCE a annoncé jeudi le lancement de nouvelles TLTRO en septembre et a reporté la hausse de ses taux directeurs à 2020 au plus tôt.
La situation économique étant toutefois bien meilleure qu’au moment du lancement des précédentes TLTRO, il est normal que leurs modalités soient moins généreuses, reflétant des fondamentaux plus sains, ont expliqué les sources.
Un comité de la BCE, qui a planché sur les modalités des nouvelles TLTRO, a proposé d’en fixer le taux 25 points de base au-dessus du principal taux de refinancement de la BCE, actuellement fixé à zéro. Ce taux serait ensuite, comme actuellement, progressivement réduit pour inciter les banques à remplir voire à dépasser leurs objectifs de distribution de prêts.
Les plus accommodants des responsables monétaires de la BCE, qui ont estimé ce taux trop élevé et n’offrant pas un soutien suffisant aux banques, ont demandé aux équipes de la banque centrale de travailler sur une proposition plus favorable, ont dit les sources. Ils ont souligné que même à un taux nul, ces TLTROs offriraient des conditions 40 points de base au-dessus des précédentes.
Un porte-parole de la BCE s’est refusé à tout commentaire.
DES CONDITIONS PLUS STRICTES
Les sources ont ajouté qu’en l’état actuel, le principal taux de refinancement de la BCE est considéré comme le taux le plus bas pour les nouvelles TLTRO. Mais le débat reste ouvert et si les conditions économiques se détériorent plus qu’attendu, un taux plus bas et donc négatif pourrait être retenu.
La nécessité d’évaluer les perspectives économiques a aussi servi d’argument au Conseil des gouverneurs pour prendre plus de temps avant de décider des modalités de ces opérations de refinancement, ce qui pourrait faire de la réunion de politique monétaire du 6 juin l’opportunité la plus probable pour en rendre publiques les modalités définitives, ont dit les sources.
La nécessité de proroger les financements obtenus dans le cadre des TLTROs précédentes constitue une des principales justifications pour de nouvelles opérations qui éviteraient ainsi une contraction soudaine du bilan de la BCE.
Les responsables monétaires sont toutefois soucieux de prévenir toute dépendance des banques au refinancement par la BCE, ont expliqué les sources.
Les options à l’étude incluent des règles plus strictes en matière de collatéral pour les nouvelles opérations de refinancement et des objectifs plus ambitieux en matière de volumes de prêts à consentir pour bénéficier du taux préférentiel.
Si la demande dépendra des conditions de marché au moment du lancement des opérations, les calculs de la BCE suggèrent qu’elle ne devrait être supérieure à 500 milliards d’euros contre plus de 700 milliards lors des précédentes opérations de même nature, de nombreuses banques d’Europe du Nord ne souhaitant pas proroger ces facilités de financement alors qu’elles peuvent se refinancer sur le marché à de meilleures conditions.
Les sources ont ajouté qu’un relèvement du taux de dépôt de la BCE, actuellement fixé à -0,40%, pour protéger les banques des effets de taux négatifs n’a pas été discuté au cours de la réunion des gouverneurs.
“Tout taux des TLTRO-III supérieur ou équivalent au taux refi se traduirait par une demande très faible au-delà des besoins de refinancement des TLTRO-II”, a réagi Frederik Ducrozet, économiste chez Pictet Wealth Management, en réaction aux informations de Reuters.