Lundi 09 Septembre 2024

La BCE ouvre le bal !

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Réunion de la Banque centrale européenne et chiffres d'inflation américains animeront les marchés ces prochains jours, mais les investisseurs seront également attentifs aux développements politiques en France, à la trajectoire du yen et aux risques de récession. Tour d'horizon des perspectives des marchés des jours à venir:

1/ POLITIQUE DES PETITS PAS

La Banque centrale européenne annoncera jeudi sa prochaine décision sur les taux, mais les investisseurs seront surtout attentifs à la mise à jour de ses prévisions économiques.

De fait, le ralentissement de l'inflation en août à 2,2%, l'ancrage des anticipations de prix autour des 2% et l'affaiblissement économique plaident tous pour un assouplissement de la politique monétaire, que les marchés estiment certain.

Pour autant, des zones d'incertitude persistent: la croissance des salaires demeure forte, et les projections de prix des entreprises semblent également élevées, ce qui pourrait inciter la banque centrale à la prudence.

"Cela rendra les décisions d'après septembre plus compliquées à prendre que ce que ne prévoient actuellement les marchés financiers. Nous ne nous attendons donc pas à un guidage prospectif jeudi: le discours sur la dépendance aux données a fonctionné jusqu'ici, pourquoi en changer ?", résume Carsten Brzeski, responsable de la macro chez ING.

Le groupe estime que la BCE ne devrait pas modifier ses prévisions de croissance et revoir légèrement à la baisse ses prévisions d'inflation lors de la mise à jour publiée jeudi.

 

2/SUR LA BONNE VOIE

Les chiffres de l'inflation CPI aux États-Unis seront publiés mercredi, et devraient confirmer le ralentissement de la dynamique des prix, bien que des points de tension pourraient perdurer.

"Nous continuons à nous attendre à une divergence entre l'inflation des biens et celle des services", écrivent Stephen Juneau et Jeseo Park, économistes chez BofA.

"Cela est dû en grande partie à l'inflation des loyers, qui (...) devrait se normaliser à moyen terme pour atteindre les niveaux d'avant la pandémie, compte tenu de la croissance de l'offre, mais qui pourrait demeurer volatile de mois en mois".

La banque s'attend néanmoins à un recul de l'inflation CPI à 2,6% sur un an en août, contre 3,6% en juillet, et à une inflation sous-jacente stable à 3,2%, et souligne que la dynamique de désinflation devrait continuer à se diffuser au reste du panier de consommation.

La Réserve fédérale annoncera sa décision de politique monétaire le 18 septembre.

 

3/REBOND

Le yen a clôturé jeudi au plus haut face au dollar depuis janvier 2024, et le rebond de la devise nippone semble ne pas pouvoir s'arrêter.

L'inflation semble de fait solidement ancrée, mettant fin à une période de 25 ans de déflation. Le profond déséquilibre des marchés du travail, lié à la crise démographique, explique que la plupart des observateurs jugent pérennes les pressions sur les salaires et les prix.

La Banque du Japon annoncera sa prochaine décision de politique monétaire le 20 septembre.

Le rallye sur le yen pourrait certes peser sur les exportateurs, mais il pourrait aussi alimenter la frénésie d'achat des investisseurs japonais: ceux-ci ont acheté un montant record de 2.600 milliards de yens d'actifs étrangers sur les cinq semaines à fin août, période durant laquelle le yen s'est apprécié de 10%, afin de profiter du renforcement de la devise, calcule Société Générale.

Par ailleurs, la campagne pour l'élection d'un nouveau Premier ministre débutera le 12 septembre, le Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir cherchant un remplaçant à l'ancien Premier ministre Fumio Kishida, acculé à la démission. Le vote organisé au sein du parti aura lieu le 27 septembre.

 

4/CHEMIN ÉTROIT

La France s'est enfin trouvé un Premier ministre et Michel Barnier aura, parmi ses nombreuses tâches, celle de veiller à l'élaboration d'un budget pour 2025.

La date butoir pour soumettre le projet au Parlement est proche - au plus tard le 1er octobre - et le contexte est contraint, entre surveillance des agences de notation et respect des règles européennes.

Afin de respecter celles-ci, "la France va devoir proposer un ajustement budgétaire crédible d'au moins 0,5 point de pourcentage de PIB par an pendant 7 ans pour se conformer à la procédure pour déficit excessif, un effort d'une ampleur et d'une longévité inédites", résume Hadrien Camatte, économiste chez Natixis IM.

L'effort semble d'autant plus difficile à accomplir qu'un nouveau dérapage budgétaire semble se profiler, chiffré par Natixis à 5,6% du PIB, contre un objectif formulé dans le Programme de stabilité de 5,1%.

 

5/RYTHME EFFRÉNÉ

Entre la BCE jeudi et la réunion de la Réserve fédérale prévue le 18 septembre, les marchés pourraient devoir une nouvelle fois réviser à la baisse leurs espoirs d'assouplissement.

De fait, les marchés parient sur 230 points de base de baisse pour la Fed d'ici à septembre 2025, soit un assouplissement de 25 points de base par réunion, contre 160 pb pour la BCE sur la même période.

Parier sur une normalisation d'une telle ampleur et d'un tel rythme n'est pas sans risque, car un ajustement des perspectives de marché se répercuterait mécaniquement sur les actifs obligataires et les actions.

"Les prix des marchés de taux intègrent généralement la trajectoire moyenne des taux, plutôt que la trajectoire modale (c'est-à-dire la trajectoire le plus probable), contrairement à ce que de nombreux commentateurs du marché ont tendance à suggérer", souligne Stephen Spratt, stratégiste taux chez Société Générale.

En somme, tant qu'existe la possibilité d'un assouplissement plus important que la trajectoire anticipée par les responsables de politique monétaire, les marchés anticiperont des baisses plus importantes.

Le flux de données continuera donc d'être essentiel pour jauger des probabilités d'une récession, le principal risque pouvant forcer les banques centrales à baisser leurs taux plus rapidement que ne le souhaitent actuellement les responsables de politique monétaire.

 

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