FRANCFORT (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) a confirmé son intention d’arrêter définitivement à la fin du mois ses achats de titres sur les marchés mais s’est engagée à continuer à stimuler une économie de la zone euro confrontée à un ralentissement inattendu et à des turbulences politiques.
La BCE, qui avait annoncé depuis longtemps son intention de mettre un terme à ses achats nets d’actifs, n’avait guère d’autre choix que de tenir parole.
Mais elle a clairement annoncé qu’elle prendrait son temps avant un nouveau durcissement de sa politique monétaire étant donné le ralentissement de la croissance, les tensions commerciales internationales, le risque d’un Brexit sans accord ou encore les débats sur les budgets de l’Italie mais aussi de la France.
“Poursuite de la confiance et prudence accrue”, a déclaré le président de la BCE, Mario Draghi, lors de sa traditionnelle conférence de presse, pour résumer la position de l’institution à l’annonce de la fin de son programme d’assouplissement de quelque 2.600 milliards d’euros, lancé en 2015.
Prié de se prononcer sur l’efficacité de cette stimulation monétaire sans précédent pour sortir la zone euro du marasme économique et lui éviter de plonger dans la déflation après la crise financière de 2007/2008, Mario Draghi a dit qu’au cours d’une bonne partie des quatre dernières années, l’assouplissment quantitatif “avait été le seul moteur de cette reprise.”
Soucieuse de rassurer les investisseurs, la BCE avait réaffirmé auparavant son engagement à maintenir ses taux directeurs inchangés au moins jusqu’à l’été 2019 et qu’elle laisserait ouvert l’horizon de réinvestissement du produit des obligations arrivant à maturité.
“Le conseil des gouverneurs entend continuer à réinvestir entièrement le versement du principal des titres acquis dans le cadre du programme d’achat de titres du secteur public arrivant à maturité pendant une période de temps prolongée après la date à laquelle il commencera à relever les taux d’intérêt”, écrit la BCE dans son communiqué de politique monétaire.
“Le réinvestissement des échéances de principal sera réparti sur l’ensemble de l’année pour assurer une présence régulière et équilibrée sur le marché”, précise-t-elle dans un communiqué séparé.
Mario Draghi a signalé que la décision sur les réinvestissements avait été prise à l’unanimité.
Le taux de refinancement, principal instrument conventionnel de sa politique monétaire, reste fixé à zéro, le taux de la facilité de dépôt à -0,4% et le taux de la facilité de prêt marginal à 0,25%.
Le problème de la BCE est que la croissance est plus faible que ses responsables monétaires ne le pensaient il y a encore quelques semaines tandis que la hausse attendue de l’inflation sous-jacente ne s’est pas matérialisée, jetant le doute sur certaines de ses hypothèses concernant l’économie dans son ensemble.
Ses dernières projections tablent sur une croissance de l’économie de la zone euro de 1,9% cette année et de 1,7% en 2019, soit 10 points de base de moins dans les deux cas qu’en septembre.
Elle a légèrement revu en hausse sa prévision d’inflation pour cette année à 1,8% contre 1,7% dans les projections de septembre mais elle l’a légèrement abaissée à 1,6% pour 2019.
Dans l’ensemble, l’inflation est peut-être proche actuellement de l’objectif de la BCE d’une hausse des prix légèrement inférieure à 2% l’an mais la chute des prix du pétrole suggère qu’elle va reculer dans les mois à venir.
L’augmentation des salaires peine à se transmettre à celle des prix, laissant la BCE face à une déconnexion difficile à expliquer.
Les nouvelles projections et les commentaires de Mario Draghi sur le fait que les risques entourant la croissance sont désormais plutôt orientés à la baisse ont pesé sur l’euro qui a cédé environ 0,3% face au dollar et sur les rendements des emprunts d’Etat allemandes à dix ans en baisse de plus d’un point de base.