BRUXELLES (Reuters) - La Commission européenne a autorisé mercredi le rachat du semencier américain Monsanto par l’allemand Bayer pour 62,5 milliards de dollars (50,9 milliards d’euros), sous réserve de la cession de plusieurs activités.
Le groupe issu de la fusion contrôlera plus d’un quart du marché mondial des semences et pesticides.
L’opération s’inscrit dans le mouvement de concentration du secteur engagé depuis plusieurs années déjà et marqué entre autres par le rapprochement de Dow et DuPont et le rachat de Syngenta par ChemChina .
Ces mariages ont été contestés par de nombreuses organisations de défense de l’environnement comme par certaines organisations agricoles, qui y voient d’abord une concentration des pouvoirs.
La Commission européenne a toutefois jugé que Bayer avait répondu à ses inquiétudes en proposant de céder une série d’actifs à son compatriote et concurrent BASF.
“Nos décisions permettent de garantir que la concurrence et l’innovation resteront effectives sur les marchés des semences, des pesticides et de l’agriculture numérique, même à l’issue de cette concentration”, déclare dans un communiqué la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager.
“En particulier, nous avons fait en sorte que le nombre d’acteurs mondiaux en concurrence active sur ces marchés reste le même. Cela est important car nous avons besoin d’une concurrence pour que les agriculteurs puissent choisir entre différentes variétés de semences et de pesticides à des prix abordables.”
DÉCISION DE L’UE SUR L’ACCORD BAYER-BASF D’ICI LE 16/4
Margrethe Vestager a déclaré que la Commission, qui a reçu plus d’un million de signatures dans le cadre de pétitions hostiles à cette fusion, avait examiné en profondeur plus de 2.000 marchés de produits différents et 2,7 millions de documents internes avant de rendre son rapport de 1.285 pages.
Bayer prévoit de céder à BASF certaines activités de semences et d’herbicides pour 5,9 milliards d’euros et de lui octroyer une licence sur ses données dans le domaine de l’agriculture numérique.
La Commission européenne doit se prononcer sur cette transaction d’ici au 16 avril.
L’organisation environnementale Avaaz, basée aux Etats-Unis, a critiqué le feu vert de la Commission européenne à Bayer.
“C’est un mariage célébré en enfer. La Commission a ignoré un million de personnes qui lui ont demandé de bloquer cet accord et a cédé aux pressions pour créer une méga-entreprise qui dominera notre approvisionnement alimentaire”, a déclaré le directeur juridique d’Avaaz, Nick Flynn.
Le groupe des Verts au Parlement européen a repris ces critiques, estimant que les petits acteurs du secteur agricole devaient également être aidés.
“Le secteur agricole est déjà trop concentré, ce qui donne à une poignée de grandes entreprises une mainmise sur la production alimentaire. La fusion de deux des plus grands acteurs ne fait qu’aggraver la situation”, a fait valoir Bart Staes, porte-parole des Verts.
La Chine a déjà approuvé sous conditions le rapprochement Bayer-Monsanto, qui a aussi obtenu le feu vert du Brésil. Les Etats-Unis et la Russie ne se sont en revanche pas encore prononcés.