Le commerce mondial devrait croître de 2,4% cette année mais cette prévision est exposée à "une profonde incertitude", liée notamment aux incertitudes politiques, principalement aux Etats-Unis, a déclaré mercredi l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
Expliquant que les échanges commerciaux risquent d'être "entravés" par ce manque de clarté, l'organisation basée à Genève a élargi sa fourchette de prévision, qui va désormais de 1,8% à 3,6%, contre 1,8% à 3,1% en septembre.
"Nous devons considérer le commerce comme une partie de la solution aux difficultés économiques, non comme une partie du problème", a déclaré son directeur général, Roberto Azevêdo.
"L'attitude générale est à un optimisme prudent mais la croissance du commerce reste fragile et il y a des risques à la baisse considérables. L'incertitude est en grande partie politique", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.
En 2016, les échanges commerciaux mondiaux n'ont augmenté que de 1,3%, leur taux de croissance le plus faible enregistré depuis la crise financière. Ce chiffre est inférieur à la dernière prévision de l'OMC, pourtant révisée à la baisse en septembre.
"La mauvaise performance enregistrée sur l'année est due en grande partie à un ralentissement marqué des marchés émergents, où les importations ont pratiquement stagné l'an dernier, augmentant à peine en volumes", a précisé Roberto Azevêdo.
Pour 2018, l'OMC table pour l'instant sur une croissance de 2,1% à 4% des échanges commerciaux internationaux.
"Une poussée d'inflation conduisant à une hausse des taux d'intérêt, un resserrement des politiques budgétaires et la mise en application de mesures pour encadrer les échanges commerciaux pourraient freiner la croissance du commerce au cours des deux prochaines années", explique l'organisation.
Pour Azevêdo, "si des responsables politiques tentent de répondre à des pertes d'emploi dans leur pays en imposant de sévères restrictions aux importations, le commerce international ne pourra pas contribuer à soutenir la croissance et pourrait même devenir un frein à la reprise".
Ses propos constituent une mise en garde à peine voilée aux dirigeants tentés par des mesures protectionnistes, au premier rang desquels figure le président américain, Donald Trump.
Interrogé sur la politique commerciale de Washington, le directeur général de l'OMC a dit attendre l'entrée officielle en fonctions du représentant américain au Commerce pour engager un dialogue sur le sujet avec la nouvelle administration américaine.
Il s'est par ailleurs refusé à tout commentaire sur l'élection présidentielle française, déclarant simplement que "l'incertitude peut avoir pour effet de geler les investissements, donc la croissance économique et l'activité".