Le candidat indépendant Kaïs Saïed a été élu président de la Tunisie avec 72,71% des voix lors du second tour de la présidentielle tenu dimanche, a annoncé lundi l'instance supérieure indépendante des Elections.
Le juriste Kaïs Saïed a obtenu 2,77 millions de voix, contre un million pour son rival Nabil Karoui, selon les résultats préliminaires annoncés par l'Instance.
Le taux de participation au second tour de cette élection anticipée, convoquée au lendemain du décès du président Béji Caid Essebsi, a atteint 56,8 % en Tunisie et 24,4 % à l'étranger, selon les résultats officiels.
Suite à l’annonce dimanche des résultats d’instituts de sondage donnant Kaïs Saïed vainqueur de ce scrutin, Nabil Karoui (56 ans), candidat du parti "Qalb Tounes" a dénoncé "une injustice" dont il se sent "victime" lors de la campagne électorale.
Lors d'un point de presse, le fondateur de "Nessma TV" a estimé qu’il a été "lésé" durant ces élections et "empêché" de mener sa campagne électorale du fait qu’il a été "injustement emprisonné".
Dans ce sens, Karoui a déploré une absence totale de l'égalité des chances durant ces élections, législatives et présidentielle. Il a expliqué que sa libération 48 heures avant le scrutin ne lui a pas permis de bien présenter son programme, notant qu'il ne compte pas s’arrêter là et que son "parti Qalb Tounes a réussi à former le deuxième bloc au parlement.
"On sera dans l’opposition, mais on ne bloquera pas les projets qui sont en phase avec notre programme et répondent aux aspirations de nos partisans", a-t-il souligné.
Pour sa part, Kaïs Saïed s’est engagé d'être le "président de tous les Tunisiens" et à "consacrer la primauté de la loi". "La loi s’applique à tout le monde, mon rôle est de la faire respecter", a-t-il insisté.
Il a relevé que la Tunisie a franchi une nouvelle étape de son histoire sur la voie de la démocratie, ce qui exige de relever de nombreux défis à caractère social et économique.
Parlant de ses priorités, il ne s’est pas départi de son discours de campagne, en affirmant qu’elles seront celles du peuple et que la volonté du peuple se matérialisera en décisions. "La volonté du peuple équivaut au niveau de la décision", a-t-il affirmé, précisant que son "projet est basé sur la liberté".
Tout en remerciant ceux qui "viennent d’ouvrir une nouvelle page de l’Histoire", en votant pour lui, il a indiqué que "le peuple tunisien a donné une leçon au monde entier, en offrant une nouvelle définition à la révolution". "Aujourd’hui, votre volonté s’est réalisée. Nous sommes conscients de ce que nous disons et nous connaissons nos responsabilités", a-t-il lancé à l'adresse de ses sympathisants.
Saïed a par ailleurs noté que l'Etat reste debout avec sa législation et ses engagements internationaux. "Notre relation à l’intérieur sera fondée sur la confiance et la responsabilité", a-t-il dit, exprimant la détermination d'oeuvrer "à rétablir la confiance entre les dirigeants et le peuple dans le cadre de la Constitution".
"A l’étranger nous serons aux côtés des causes justes et nous œuvrons à édifier de nouvelles relations avec les nations", a-t-il encore lancé.
Plus de 18 mille observateurs de la société civile, dont 700 venus de l’étranger, ont suivi le déroulement du scrutin qui s’est déroulé avec la participation de 7,74 millions en Tunisie et à l'étranger (49% femmes et 51% hommes).