ZURICH (Reuters) - La Finma, l‘autorité de tutelle suisse des marchés financiers, accuse la filiale suisse de la banque américaine JPMorgan d‘avoir gravement enfreint les règles anti-blanchiment dans le cadre du scandale lié au fonds souverain malaisien 1MDB.
Ce fonds souverain, né de la volonté du Premier ministre malaisien Najib Razak, fait l‘objet d‘enquêtes depuis plus de deux ans pour blanchiment d‘argent dans au moins six pays, dont la Suisse, Singapour et les Etats-Unis.
Najib Razak dément toute malversation.
Dans le cadre de ce dossier, l‘autorité de régulation du secteur financier au Luxembourg a déjà condamné à une amende de près de neuf millions d‘euros la filiale locale de la banque privée suisse Edmond de Rothschild.
Les banques privées suisses BSI et Falcon ont également été épinglées. La banque centrale de Singapour a pour sa part infligé des amendes à Credit Suisse, UOB, DBS, UBS, Standard Chartered et à la banque privée Coutts.
“La procédure d’”enforcement“ ouverte entre mai 2016 et fin juin 2017 a mis au jour d‘importants manquements de JPMorgan Suisse SA en matière de lutte contre le blanchiment d‘argent. Ceux-ci s‘inscrivent notamment en lien avec des relations d‘affaires et des transactions liées à l‘affaire de corruption présumée autour du fonds souverain malaisien 1MDB”, peut-on lire dans un communiqué de la Finma.
La décision, qui impose un contrôle de la banque mais n‘implique pas de sanctions financières ou de restrictions commerciales, n‘a pas fait l‘objet d‘un appel et est définitive, ajoute la Finma.
VIREMENT DE CENTAINES DE MILLIONS DE DOLLARS
Selon l‘autorité suisse, JP Morgan n‘a pas suffisamment identifié les risques accrus de blanchiment d‘argent présentés par certaines relations liées à cette affaire.
La banque n‘a pas non plus traité et surveillé de manière adéquate les risques accrus que ces relations spécifiques présentaient lorsqu‘elle a réussi à identifier les clients comme personnes politiquement exposées.
J.P. Morgan Suisse “n‘a en particulier pas identifié les risques de blanchiment d‘argent découlant de flux de paiements entre des comptes commerciaux et privés”, fait valoir la Finma.
L‘autorité cite un cas concret dans lequel la banque a accepté qu‘un virement de plusieurs centaines de millions de dollars en provenance du fonds souverain 1MDB soit effectué sur le compte d‘une personne proche de son partenaire commercial pour l‘acquisition supposée d‘une entreprise.
La FINMA a indiqué qu‘une partie de cet argent avait ensuite été transférée sur le compte d‘une société liée à cette personne, sans que la banque n‘ait remis en question ni la manière de procéder, ni le but économique des transactions ou le montant important restant sur le compte privé.
JPMorgan a déclaré que les résultats de l‘enquête portaient sur des activités qui avaient depuis été plus étroitement contrôlées.
“La résolution annoncée par la FINMA porte sur des affaires qui ont eu lieu il y a plusieurs années dans la banque privée suisse. Depuis, nous avons amélioré la formation, accru le personnel et amélioré le suivi et la surveillance”, a déclaré la banque.
La Finma a dit vouloir soumettre la banque à un examen approfondi. Elle a mandaté pour cela un chargé d‘audit qui “évaluera et surveillera de manière constante le caractère approprié” ainsi que le bon fonctionnement des contrôles.
La Finma a par ailleurs déclaré que l‘une des sept procédures engagées contre des groupes financiers en lien avec le scandale 1MDB restait ouverte, sans citer la banque en question.