NEW YORK/FRANKFURT (Reuters) - Huawei Technologies prévoit de lancer de nouveaux smartphones haut de gamme en Europe même s’il risque de ne pas pouvoir proposer le système d’exploitation Android officiel de Google et des applications largement utilisées telles que Google Maps, ont déclaré à Reuters des responsables de la société.
Le numéro deux mondial des smartphones devrait dévoiler sa nouvelle gamme de téléphones “Mate 30” le 18 septembre à Munich, selon une source proche du dossier, bien que la date de commercialisation ne soit pas encore connue.
Le “Mate 30”, conçu pour fonctionner sur les nouveaux réseaux mobiles 5G, doit être le premier lancement majeur de Huawei depuis que les Etats-Unis ont placé le 16 mai le groupe chinois sur une liste noire lui interdisant d’acheter des produits comportant au moins 25% de composants issus d’une technologie ou de matériaux américains.
Washington pense que Pékin pourrait se servir de Huawei à des fins d’espionnage, des accusations que ce dernier rejette.
Un porte-parole de Google a déclaré à Reuters que le “Mate 30” ne pourrait pas être vendu avec la version sous licence d’Android et les applications et services Google associés en raison de l’interdiction.
Un sursis temporaire annoncé par le gouvernement américain la semaine dernière ne s’applique pas aux nouveaux produits tels que le “Mate 30”, a-t-il précisé.
Les entreprises américaines peuvent demander une licence pour que des produits spécifiques soient exemptés de l’interdiction. Google n’a pas indiqué s’il l’avait fait pour Android et les applications et services connus sous le nom de Google Mobile Services, bien qu’il ait exprimé par le passé son souhait de continuer à fournir Huawei.
Reuters a rapporté cette semaine que le département américain du Commerce avait reçu plus de 130 demandes d’autorisations de vente de produits américains à Huawei mais qu’aucune n’avait été acceptée.
L’incertitude entourant le Mate 30 témoigne de la confusion qui règne pour Huawei et ses partenaires commerciaux dans un contexte d’intensification de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis.
Alors que la liste noire de Huawei a été créée pour répondre à des préoccupations de sécurité, le président américain Donald Trump a laissé entendre qu’elle pourrait être levée dans le cadre d’un accord commercial.
“Huawei continuera d’utiliser le système d’exploitation et l’écosystème Android si le gouvernement américain nous le permet”, a déclaré à Reuters Joe Kelly, porte-parole de Huawei. “Sinon, nous continuerons à développer notre propre système d’exploitation et notre propre écosystème.”
Huawei peut probablement utiliser une version libre (“open source”) d’Android sans tomber sous le coup de l’interdiction américaine de vente. Mais les applications de Google ne peuvent être utilisées que dans le cadre d’une licence payante.
“Sans les services Google, personne n’achètera l’appareil”, estime Richard Windsor, analyste indépendant.
Huawei a présenté au début du mois son propre système d’exploitation mobile, dénommé Harmony. Mais les analystes doute de la capacité du groupe à imposer celui-ci comme une alternative viable à Android.