LONDRES (Reuters) - Huawei est confronté au gel des livraisons de plusieurs de ses fournisseurs après l’annonce par les Etats-Unis d’un décret le plaçant sur une liste noire, une situation susceptible d’affecter la production des futurs smartphones du groupe chinois.
Le japonais Panasonic, qui produit des composants pour smartphones et chaînes de montage, a ainsi ajouté jeudi son nom à la liste des entreprises, qui, comme le concepteur de puces britannique ARM, ont décidé de limiter leurs approvisionnements au groupe chinois, voire de les stopper complètement.
Panasonic a toutefois indiqué sur son site internet qu’il continuerait à vendre certains éléments à Huawei.
Toshiba a dit pour sa part suspendre ses livraisons afin de vérifier si elles comportaient des composants américains.
Huawei, deuxième fabricant mondial de smartphones, tout comme Apple et Qualcomm, utilise des architectures ARM pour concevoir les processeurs qui alimentent ses appareils. Le groupe chinois exploite également une licence de technologie graphique de la société basée à Cambridge, propriété du groupe japonais SoftBank Group.
La décision d’ARM sera lourde de conséquences pour l’activité smartphones de Huawei, un segment où ce dernier dispute au sud-coréen Samsung Electronics la première place mondiale.
Les architectures de puces d’ARM contiennent une technologie d’origine américaine et constituent la colonne vertébrale des combinés Huawei.
Les Etats-Unis ont interdit la semaine dernière au groupe télécoms chinois d’acheter des produits comportant au moins 25% de composants issus d’une technologie ou de matériaux américains. Washington estime que Pékin pourrait se servir de Huawei à des fins d’espionnage.
Huawei rejette ces accusations mais certains pays comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont décidé de l’exclure de leurs réseaux mobiles de cinquième génération, en cours de déploiement, pour des raisons de sécurité nationale.
Washington insiste auprès de la Grande-Bretagne pour qu’elle renonce à utiliser des équipements Huawei et un journal sud-coréen rapporte jeudi que Séoul est soumis à une pression similaire. La Chine est le plus grand marché d’exportation de la Corée du Sud.
Le décret américain, entré en vigueur vendredi dernier, a déjà affecté les liens entre Huawei et Google, qui fournit le système d’exploitation mobile Android ainsi que divers services comme la messagerie Gmail.
Le gouvernement américain a temporairement assoupli ces restrictions mardi en accordant à Huawei une autorisation d’achat de produits américains pour une durée de 90 jours, dans le but de minimiser les perturbations pour ses clients.
Le taiwanais TSMC, premier sous-traitant mondial du secteur des semi-conducteurs, a déclaré jeudi que ses livraisons à Huawei n’étaient pas concernées par le décret américain.
“Pour le moment, nous pensons qu’il n’y aura pas de changement majeur en ce qui concerne nos ventes de puces et notre assistance technique”, a déclaré la porte-parole de TSMC, Elizabeth Sun, lors d’un symposium à Taiwan.
Huawei a déclaré qu’il appréciait les relations étroites avec ses partenaires mais a reconnu que certains d’entre eux étaient sous pression “à la suite de décisions motivées par des considérations politiques”.
Les opérateurs britanniques de téléphonie mobile EE et Vodafone ont déclaré mercredi avoir renoncé à proposer des smartphones Huawei avec leurs forfaits 5G, dont le lancement est imminent.
L’opérateur à bas coûts Ymobile, qui appartient à SoftBank, et d’autres compagnies japonaises ont pour leur part reporté la commercialisation de smartphones Huawei qui devaient être mis en vente vendredi.