PARIS, 8 novembre (Reuters) - La période où tous les actifs financiers montaient avec une belle régularité est terminée, ce qui oblige les investisseurs à revoir leur stratégie pour ne plus se contenter d’acheter et d’attendre, fait valoir l’économiste Pierre Sabatier, fondateur du cabinet PrimeView, spécialisé dans l’accompagnement des gestionnaires d’actifs.
Habitués depuis des années à bénéficier des largesses des banques centrales, les marchés ont vécu des changements majeurs depuis neuf mois avec le retour de la volatilité et deux épisodes aux allures de correction, début février et fin octobre, a-t-il rappelé jeudi à des investisseurs lors d’une conférence organisée par la société de gestion Fidelity International.
“La période durant laquelle la plupart des actifs financiers voyaient leur prix augmenter de manière quasiment garantie est révolue”, a-t-il dit.
L’époque à venir sera celle de la revalorisation du risque à son juste prix, ce qui exigera des investisseurs qu’ils diversifient leur portefeuille et soient plus sélectifs dans le choix des actifs, a ajouté l’économiste.
“On ne pourra plus faire de la performance simplement en achetant”, a dit Pierre Sabatier. “Il va falloir aussi réapprendre à savoir vendre pour éviter des performances qui pourraient être négatives à terme.”
Il convient donc d’intégrer une dimension plus tactique dans l’allocation d’actifs en privilégiant la gestion active, basée sur des convictions, à la gestion indicielle, a-t-il conseillé aux investisseurs.
“Les ETF ne sont plus la bonne stratégie”, a-t-il dit. “Il faut privilégier de plus en plus la gestion active au moment où l’on s’approche du retournement du cycle”.
Ce basculement tant redouté par les investisseurs n’est pas forcément pour tout de suite avec encore des perspectives de croissance sur certains actifs dans les prochains mois, y compris sur les actions américaines, malgré des valorisations extrêmement tendues, a-t-il fait valoir.
Donald Trump a acheté la croissance à crédit et repoussé momentanément la fin du cycle, notamment grâce à la baisse de la fiscalité sur les entreprises, a dit Pierre Sabatier.
“Mais attention, l’étau va se resserrer”, a-t-il prévenu, en avertissant notamment des effets de la politique protectionniste mise en oeuvre par le président américain.
“Il a posé les jalons d’un rupture fondamentale, celle du modèle basé sur l’ouverture commerciale. C’est un risque fondamental et il nécessite une prime de risque qui sera défavorable à terme aux marchés d’actions”.
Patrick Vignal, édité par Blandine Hénault