PARIS (Reuters) - Gemalto a repoussé mercredi l‘offre non sollicitée de 4,3 milliards d‘euros en numéraire présentée par Atos le 28 novembre, la jugeant insuffisante, mais la SSII présidée par Thierry Breton l‘a maintenue, estimant son prix justifié.
Le spécialiste de la sécurité numérique, qui espère voir le bout des difficultés à l‘origine de ses “profit warnings” successifs, estime dans un communiqué que le prix de 46 euros est “bien en dessous” des niveaux de valorisation d‘autres sociétés de cybersécurité.
L‘action Gemalto s‘est adjugé encore 3,06% à 47 euros mercredi, après avoir flambé mardi, accusant toutefois encore un repli de 14,4% depuis le début de l‘année, contre un gain de 11% pour le CAC 40.
Atos, fort du bon accueil de la Bourse à son offre mardi, a rétorqué qu‘il maintenait sa proposition de 46 euros par action, coupon attaché, et qu‘il poursuivait la mise en oeuvre de la transaction proposée.
Le groupe dit préparer l’ensemble des notifications réglementaires ainsi que le projet de document d’offre devant être déposés auprès de l’autorité de marché néerlandaise (Autoriteit Financiële Markten, AFM) et des autres autorités compétentes.
Dans son communiqué motivant son rejet de l‘offre, Gemalto s‘est justement ému de cette attention déjà affichée par Atos même en l‘absence d‘un accord avec sa cible.
“Le conseil d‘administration s‘inquiète du fait qu‘il pourrait s‘agir là d‘une illustration d‘une différence de culture d‘entreprise entre les deux sociétés”, poursuit Gemalto, qui joint à son communiqué la lettre envoyée à Thierry Breton par son président Alex Mandl et son directeur général Philippe Vallée.
DE PROBABLES RISQUES D‘EXÉCUTION, NOTAMMENT AUX USA
A la question de savoir si Gemalto avait été approché par un autre repreneur potentiel, une porte-parole du groupe s‘est refusée à tout commentaire.
“Le moment choisi est opportuniste (...) : l‘offre vient à un moment où Gemalto a stabilisé ses performances après une période difficile”, souligne Gemalto.
Après avoir constaté la hausse de plus de 4% du cours de Gemalto lundi, Thierry Breton a décidé de révéler l‘existence de son offre présentée comme “amicale”, un qualificatif rejeté par Gemalto.
Atos se targue de pouvoir donner à Gemalto un second souffle en l‘adossant à un groupe qui a plus que doublé son chiffre d‘affaires en moins de dix ans.
Interrogée sur un mariage Atos-Gemalto, Bpifrance, deuxième actionnaire de Gemalto derrière la famille Quandt avec 8,3% du capital, a dit voir d‘un oeil favorable un rapprochement entre deux acteurs français de la technologie.
Car Gemalto retourne contre Atos un de ses arguments clés : des synergies élevées, dont il doute du partage équitable entre les deux entités.
Surtout, le groupe regrette le manque de garanties suffisantes quant à la réalisation de l‘opération, notant de “probables risques d‘exécution”.
Gemalto pointe en particulier l‘absence d‘analyse circonstanciée des procédures envisagées en termes de loi anti-trust américaine (CFIUS, Committee on Financial Investment in the United States), le groupe étant présent aux Etats-Unis notamment dans le secteur des cartes bancaires.
“De plus la proposition de ‘merger protocol’ contient de nombreuses clauses et conditions hors marché, peu claires, inhabituelles et inacceptables”, ajoute le groupe.