Facebook a décidé de faire appel à ses utilisateurs pour lutter contre la désinformation et identifier les sources "fiables", énième illustration d'un combat dont il a fait son cheval de bataille après des mois de critiques.
"Il y a beaucoup trop de sensationnalisme, de désinformation et de polarisation dans le monde aujourd'hui", estime vendredi le patron de Facebook Mark Zuckerberg sur sa page, ajoutant que les "réseaux sociaux permettent aux gens de diffuser les informations plus rapidement que jamais".
"C'est pourquoi il est important que le fil d'actualités (page d'accueil personnalisée de chaque utilisateur, NDLR) mette en avant une information de qualité" et "j'ai demandé à nos équipes de s'assurer que nous donnons la priorité aux informations fiables, (réellement) informatives et locales", poursuit le milliardaire.
Mais "la question ardue à laquelle nous tentons de répondre, c'est +comment décider quelles sont les sources d'informations largement considérées comme dignes de foi dans ce monde si divisé ?+", dit-t-il, illustrant le dilemme partagé par d'autres entreprises technologiques, comme Twitter ou Google, qui se retrouvent à la fois accusées de ne pas assez lutter contre la désinformation mais aussi de pratiquer une forme de censure lorsqu'elles décident de s'attaquer aux contenus en question.
Réponse: demander directement aux utilisateurs leur avis au travers d'enquêtes de satisfaction.
"Nous allons désormais demander aux (utilisateurs) s'ils connaissent telle ou telle source publiant des informations et, si c'est le cas, s'ils font confiance à cette source. L'idée, c'est que certains médias ne sont considérés comme fiables que par leurs lecteurs ou téléspectateurs, tandis que d'autres bénéficient d'un degré de confiance plus large dans la société, même de la part de ceux qui ne les suivent pas directement", explique M. Zuckerberg, qui avait assuré au début du mois faire de la lutte contre les contenus problématiques son "défi personnel" pour 2018, nouvelle année électorale aux Etats-Unis.
En fonction des réponses, les publications de sources jugées fiables seront plus visibles sur le fil d'actualités, il suffit pour cela à Facebook de modifier ses algorithmes.
"Cette nouveauté ne modifiera pas la quantité d'informations que vous verrez sur Facebook. Cela ne fera que modifier l'équilibre des informations en faveur de sources qui sont considérées comme fiables", poursuit M. Zuckerberg.
Facebook en particulier ne cesse depuis des mois de multiplier les annonces pour montrer qu'il lutte activement contre la désinformation, d'autant que le sujet a pris un tournant très politique aux Etats-Unis, la Russie étant accusée par Washington d'avoir cherché à influer sur la campagne électorale de 2016 remportée par Donald Trump en utilisant, entre autres, les réseaux sociaux pour diffuser des "fake news".
Environ 45% des adultes américains s'informent via Facebook, selon le think tank américain Pew Research Center.
- Sous pression -
"Cette annonce va dans une direction positive", a réagi l'Alliance des médias d'informations (News Media Alliance), qui représente près de 2.000 organismes de presse tout en ajoutant "ne pas savoir comment le système proposé (...) va vraiment fonctionner".
C'est la deuxième annonce majeure de Facebook en un peu plus d'une semaine. Jeudi dernier, le réseau avait annoncé son intention de donner la priorité aux publications partagées par la famille et les amis, au détriment des pages "aimées" par les utilisateurs. Conséquence, des contenus de sources institutionnelles (médias, marques...) moins visibles.
Une décision potentiellement coûteuse pour Facebook à court terme car susceptible de réduire le temps passé sur le réseau et donc les recettes publicitaires, moteur du groupe.
Vendredi, Mark Zuckerberg a précisé que ce changement annoncé la semaine passée ferait passer de 5 à 4% la proportion d'informations dans les fils d'actualités.
Mais si cette annonce avait malmené le titre en Bourse, les analystes estimaient que le groupe y gagnerait en terme d'image et donc, in fine, financièrement.
Twitter est aussi sous pression et a fourni, également vendredi, de nouveaux chiffres sur la présence de trolls et de comptes automatiques liés à des entités russes et ayant diffusé notamment des "fake news" pendant l'élection, parvenant à un total de plus de 50.000 comptes.
Le sujet des "fake news" dépasse largement les frontières américaines, l'Union européenne ayant notamment prôné lundi "une approche européenne". Et jeudi, Facebook a accepté d'élargir son enquête interne sur une possible ingérence russe dans le référendum sur le Brexit en Grande-Bretagne. ( Avec AFP).