Mercredi 10 Octobre 2018

Est-il trop tard pour investir sur les valeurs techs US ?

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PARIS (Reuters) - En dépit de la récente baisse de l’indice américain Nasdaq Composite, les investisseurs estiment qu’il ne faut plus investir massivement sur les valeurs technologiques américaines, dont les valorisations élevées sont confrontées notamment au risque de ralentissement cyclique.

“Si aujourd’hui, j’avais l’opportunité d’acheter un indice valeurs technologiques à un horizon de trois ans, je ne le ferais pas”, indique Jacques-Aurélien Marcireau, co-responsable des actions internationales chez Edmond de Rothschild AM.

“Les poches de survalorisation se sont multipliées ces trois dernières années et à un moment il faut reconnaître qu’il y a une certaine loi de la gravité”.

Depuis 2016, le Nasdaq Composite, à forte composante technologique, affiche une progression quasi continue qui l’a porté de 4.000 points environ à un record absolu en clôture à 8.109 points fin août.

Depuis le début de l’année, l’indice gagne encore plus de 12% en dépit du récent mouvement de baisse (-3,3% sur les cinq dernières séances) lié à la vive remontée des taux longs américains.

Les géants américains de la tech, rassemblés sous l’acronyme GAFA pour Google (Alphabet), Amazon, Facebook et Apple, affichent depuis le début 2016 des progressions allant de 45% à 160%.

La hausse du compartiment technologique américain s’explique certes par des perspectives de croissance élevées, qui reposent sur une forte demande structurelle pour la technologie et l’innovation comme moteur des profits.

Mais les attentes du marché risquent pour certaines entreprises d’être surévaluées, prévient Jacques-Aurélien Marcireau. “Les groupes technologiques ne peuvent pas être tous des leaders de marché”, pointe le gérant.

UNE EXPOSITION AU CYCLE SOUS-ESTIMÉE

Les investisseurs ont aussi oublié le caractère cyclique des valeurs technologiques, abonde Roland Kaloyan, stratège sur les actions chez Société Générale Corporate & Investment Banking.

“Les valeurs technologiques américaines sont soit exposées au consommateur américain soit à l’investissement des entreprises, par exemple dans la publicité. Ce caractère cyclique est un peu sous-estimé par le marché”, indique-t-il.

Les risques de régulation accrue face à des entreprises devenues des mastodontes mondiaux est aussi mis en avant.

“Sur le Nasdaq, avant même que le marché ne commence à baisser récemment, on voyait déjà que certaines valeurs technologiques étaient plus vulnérables aux risques législatifs et réglementaires”, pointe Vincent Guenzi, directeur de la stratégie d’investissement chez Cholet Dupont, qui indique à titre d’exemple avoir d’ores et déjà adopté une position neutre sur Facebook.

Autre danger sur le secteur, les multiples de valorisation élevés couplés aux flux d’investissement massifs qui pourraient conduire à ce que les valeurs technologiques américaines soient les premières à souffrir en cas de retournement durable du marché boursier.

“A très court terme, le Nasdaq peut encore baisser jusqu’à 7.500 points, ce qui laisserait un petit potentiel d’appréciation, mais que je ne jouerai pas”, indique le gérant.

PARI SUR APPLE

“Aujourd’hui, et pour les douze prochains mois qui viennent, acheter des actions technologiques américaines est soit une opération de trading soit des achats de long terme à 5 ou 10 ans où l’on va se renforcer progressivement à chaque fois que des points d’entrée apparaissent”, estime Vincent Guenzi.

De son côté, Jacques-Aurélien Marcireau appelle à être très discriminant sur le secteur.

“Acheter un fonds sur la technologie américaine revient aujourd’hui à faire un pari sur Apple - qui pèse 15% de l’indice S&P des techs - et sur le fait que les iPhone vont continuer à se vendre comme des petits pains”, explique-t-il.

Le stock-picker préfère se positionner sur Google “qui offre un très bon mix innovation, support de valorisation et potentiel dans les voitures autonomes”, ou encore sur le secteur des logiciels dont la valorisation (exprimée en valeur d’entreprise sur le chiffre d’affaires) est encore 17% en dessous des pics de 2000.

“Je suis à l’aise avec mon portefeuille, mais pas avec l’indice technologique”, résume-t-il.

Roland Kaloyan estime pour sa part qu’en terme de couple risque-rendement, d’autres secteurs sont bien plus intéressants, comme la pharmacie et les pétrolières.

“Le compartiment de la technologie a réalisé 50% de la performance du S&P 500 depuis le début de l’année. Le risque de passer à côté de la performance existe et il explique les flux. Mais il y a déjà beaucoup d’investisseurs sur ce segment et il n’est jamais bon d’être le dernier à y aller”.

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