Mercredi 08 Aout 2018

Elon Musk envisage de retirer Tesla de la Bourse

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Elon Musk a annoncé mardi dans un tweet qu'il envisageait de retirer Tesla de la Bourse. /Photo prise le 17 mai 2018/REUTERS/Lucy Nicholson.

 

“J’envisage de retirer Tesla de la cote à 420 dollars; le financement est assuré”, a déclaré le PDG et fondateur du groupe dans un tweet.

Il n’a pas précisé la nature de ce financement mais a dit par la suite bénéficier d’un soutien confirmé d’investisseurs.

Dans un message au personnel de Tesla publié sur le blog du groupe moins d’une heure après son tweet, Elon Musk explique qu’une telle solution permettrait au constructeur d’”opérer dans les meilleures conditions, libre autant que possible de toute distraction et de tout raisonnement court-termiste.”

Le titre, dont la cotation a été brièvement suspendue sur le Nasdaq, a clôturé en hausse de 11% à 379,57 dollars après une poussée à 387,46, non loin de son record de 389,61 dollars qui remonte à septembre 2017.

Prié de dire, sur Twitter, s’il continuerait de diriger le groupe dans cette hypothèse, Musk a répondu qu’il n’y aurait “aucun changement”. Il a ajouté n’avoir aucune intention de fusionner Tesla avec son autre société SpaceX, le constructeur de la fusée Falcon Heavy.

Musk subit de plein fouet la pression des investisseurs qui attendent qu’il tienne sa promesse de faire de Tesla un constructeur rentable.

L’engagement du groupe d’augmenter les volumes et de gagner de l’argent lui a permis de dépasser General Motors en capitalisation boursière mais, après huit ans d’existence, les résultats se font attendre et la concurrence monte en puissance, notamment de la part des constructeurs automobiles européens.

Tesla a pendant ce temps annoncé des projets d’usines en Chine et en Europe mais en fournissant peu de détails et en ne disant rien de leur financement.

Le constructeur a en outre connu cette année des problèmes récurrents de production à son camp de base de Fremont, en Californie, ce qui a perturbé la montée en cadence de la nouvelle berline Model 3, essentielle pour sa rentabilité future.

Sortir de la Bourse permettrait à Tesla d’échapper aux exigences de transparence des investisseurs et autorités de régulation sur les marchés cotés. Musk, qui a eu des mots avec des régulateurs, analystes ou journalistes, ne s’en plaindrait sûrement pas.

L’entrepreneur de 47 ans, d’origine sud-africaine, détient près de 20% du capital de Tesla. Dans son message aux employés, il assure ne pas avoir l’intention d’augmenter sa participation.

A 420 dollars l’action, l’opération représenterait une prime de 23% sur le cours de clôture de lundi, valorisant le constructeur de la Silicon Valley autour de 72 milliards de dollars (62 milliards d’euros) contre 58 milliards de dollars lundi soir.

Dans sa lettre, Musk indique que les actionnaires de Tesla auraient le choix entre vendre leurs actions au prix de 420 dollars ou rester dans le capital, ce qu’il dit espérer. Il n’a fait aucune mention de la nature des financements qu’il dit avoir pour mener à bien l’opération.

Il ajoute que celle-ci ne pourra se faire qu’après un vote des actionnaires.

LE PLUS IMPORTANT LBO DE L’HISTOIRE

L’opération envisagée par Elon Musk constituerait le plus important LBO (leveraged buyout, acquisition financée par de la dette) de l’histoire, devançant nettement le rachat pour 45 milliards de dollars de la compagnie d’électricité texane Energy Future - qui finit en faillite en 2014.

Interrogées par Reuters, des sources bancaires de Wall Street ont dit ne pas avoir eu connaissance des projets de Musk avant ses tweets et se sont dit sceptiques sur le financement d’une telle opération, compte tenu de la situation financière de la société qui continue de brûler de la trésorerie.

“Pour moi il est inimaginable que quelqu’un finance le rachat d’une entreprise aussi endettée et qui perd autant d’argent alors qu’elle a d’énormes besoins d’investissements”, tranche Mark Spiegel, gérant du fonds spéculatif Stanphyl Capital Partners, qui a une position vendeuse sur Tesla et s’en est parfois pris à Musk sur Twitter.

Selon les sources bancaires, le partenaire évident pour Musk serait un fonds souverain ou un gros fonds investi en technologies comme le Vision Fund du groupe japonais Softbank. Le géant technologique chinois Tencent Holdings, qui a pris une participation de 5% dans Tesla l’an dernier, pourrait aussi faire l’affaire, ajoutent-elles.

Une source a dit mardi que le fonds souverain saoudien Public Investment Fund (PIF) avait pris une participation d’un peu moins de 5% dans Tesla, confirmant une information du Financial Times.

La Securities and Exchange Commission (SEC), l’autorité de la Bourse américaine, autorise les entreprises à utiliser des réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook pour leur communication avec les investisseurs, dès lors que ces derniers ont été informés aux préalable de l’utilisation de ces canaux.

La SEC n’a pas donné suite à une demande de commentaire sur le tweet de Musk.

“Tesla considère les tweets comme un moyen de communication public. Je pense qu’il est sérieux. Et en plus cela permet un ‘short squeeze’ après un bon trimestre”, commente Chaim Siegel, chez Elazar Advisors.

Dans ce cas de figure, les vendeurs à découvert sont obligés de racheter des titres pour s’éviter de grosses pertes - ce qui contribue à la hausse de l’action.

Selon la firme de recherche S3 Partners, les positions courtes (“short”) sur Tesla totalisent près de 13 milliards de dollars.

Dans sa lettre aux employés, Musk écrit que “Tesla étant le titre le plus vendu à découvert dans l’histoire de la Bourse, le fait d’être coté pousse un grand nombre de personnes à attaquer l’entreprise.”

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