PEKIN (Reuters) - La production industrielle de la Chine a enregistré lors des deux premiers mois de l’année sa plus faible croissance en 17 ans, suggérant que le ralentissement de l’économie chinoise va se poursuivre malgré une série de mesures de soutien prises depuis l’année dernière par le gouvernement.
La hausse des dépenses d’infrastructures engagées par Pékin a toutefois amorcé une accélération de l’investissement en actifs immobilisés, montrent les données officielles publiées jeudi.
Pour relancer une économie qui croît à son rythme le plus faible depuis près de 30 ans, le Premier ministre Li Keqiang a annoncé la semaine dernière d’importantes réductions d’impôts, une hausse des dépenses d’infrastructures et des mesures pour encourager les prêts aux petites et moyennes entreprises.
D’après les données du Bureau national de la statistique (BNS), la production industrielle a progressé de 5,3% en rythme annuel en janvier-février, soit à son rythme le plus faible depuis le début de l’année 2002.
Les économistes interrogés par Reuters anticipaient un ralentissement moins net (+5,5%) après une progression de 5,7% en décembre.
Pékin choisit de combiner les statistiques de l’activité industrielle en janvier et février afin d’atténuer les distorsions provoquées par les festivités du nouvel an lunaire. Des analystes estiment que ces données doivent être lues avec prudence et que les contours plus nets de la santé de l’économie chinoise devraient apparaître en avril.
Selon les résultats des enquêtes réalisées par les pouvoirs publics chinois auprès des directeurs d’achats, l’activité manufacturière s’est contractée en février pour tomber à un plus bas de trois ans, les commandes à l’exportation ayant chuté à leur rythme le plus faible depuis la crise financière, soulignant la faiblesse accrue de la demande.
La hausse des prix à la production est restée stable en février, à son plus bas niveau depuis septembre 2016, pesant sur la rentabilité des entreprises industrielles dont les profits ont déjà diminué lors des derniers mois.
Les industriels chinois font face à un ralentissement de la demande intérieure et extérieure, les exportations ayant connu en février leur plus net recul en trois ans.
Les données publiées jeudi montrent une accélération de l’investissement en actifs immobilisés lors des deux premiers mois de l’année, avec une progression de 6,1%, contre une prévision médiane de 6,0% après une hausse de 5,9% sur l’ensemble de l’année 2018.
Les investissements privés en actifs immobilisés, qui représentent environ 60% de l’investissement total en Chine, ont en revanche connu un recul, pour s’établir à 7,5% en janvier-février après une progression de 8,7% l’année dernière.
Quant aux dépenses d’infrastructures, l’un des moteurs de la croissance du produit intérieur brut (PIB) chinois les dernières années, les statistiques officielles montrent un rebond, à 4,3%, après une hausse de 3,8% sur 2018.
Les ventes au détail ont progressé de 8,2% en janvier-février en rythme annuel, une hausse légèrement supérieure au consensus (+8,1%).