Brasilia, 18 mars 2016 (MAP)- En présidant, jeudi, la cérémonie d'investiture de l'ancien président Luiz Inacio Lula da Silva au poste de ministre de la maison civile, la présidente Dilma Rousseff ne se doutait à aucun moment que le ciel allait lui tomber littéralement sur la tête et qu'elle devra faire face à une offensive judiciaire majeure qui risque, à force d'usure, de lui coûter sa place à la tête de l'Exécutif.
A peine avait-elle installé son mentor dans ses fonctions de ministre de la maison civile, qu'un juge a suspendu l'entrée de Lula au gouvernement, en arguant que l'investiture du fondateur du parti des travailleurs (PT) lui permettra de se mettre à l'abri de poursuites judiciaires dans le cadre d'une enquête pour blanchiment d'argent et dissimulation de propriété, instruite à son encontre par le juge fédéral Sergio Moro, également chargé de l'enquête sur le scandale de corruption au sein de Petrobras.
Il aura suffi d'une seule ordonnance d'un juge de première instance pour que l'entrée de l'ancien président dans le gouvernement soit interprétée comme une manœuvre amorale de la présidente pour protéger son prédécesseur (2003-2011), suscitant l'ire de l'opposition et du Brésilien lambda.
Ce nouveau rebondissement a jeté de l'huile sur une situation très volatile au lendemain de la publication par le juge Moro d'une conversation téléphonique entre la présidente et Lula, suggérant que la chef d'Etat serait prête à contourner la loi pour protéger Lula.
A la lumière de ces révélations, les manifestations ont éclaté de plus belle, jeudi, dans 25 états fédératifs et à Brasilia, où la police a du intervenir à plusieurs reprises pour empêcher les manifestants en colère de se rapprocher du Palais présidentiel ou du Congrès national.
Mercredi soir, des manifestations ont été organisées dans plusieurs villes brésiliennes pour demander le départ de la présidente, mais elles n'étaient pas de l'ampleur de celles de jeudi.
Au niveau du Congrès national, l'opposition a infligé un revers cuisant à la présidente, sous la houlette du président de la Chambre des députés, Eduardo Cunha, l'ennemi juré de Mme Rousseff. Ce dernier a tenu promesse en relançant la procédure de destitution à l'encontre de la présidente, avec l'élection d'une commission spéciale de 65 députés.
Le lancement de cette procédure intervient à un moment très délicat pour la présidente, conspuée principalement pour sa gestion de la crise économique et pour l'implication de plusieurs membres du PT dans le scandale de Petrobras.