"Nous avons pris acte de cette décision, nous la considérons comme injustifiée", a déclaré le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, lors d'une conférence de presse avec son homologue mauritanien, Ismaël Ould Cheikh Ahmed, après que Paris a annoncé la réduction du nombre de visas accordés au Maroc, à l'Algérie et à la Tunisie. "C'est un problème franco-français", a-t-il expliqué, en ajoutant que les raisons évoquées par la France ne tiennent pas.
Rappelons que la France a décidé de durcir les conditions d'obtention des visas à l'égard du Maroc, de l'Algérie et de la Tunisie qui "refusent", selon Paris, de délivrer les laisser-passer consulaires nécessaires au retour des immigrés refoulés de France. L'annonce a été faite ce mardi par le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, sur la radio Europe 1.
"Nous avons pris acte de cette décision et la considérons comme injustifiée pour nombre de raisons, dont la première est que le Maroc a toujours traité la question de la migration avec la logique de responsabilité et le nécessaire équilibre entre la facilitation de la circulation des personnes (Etudiants, hommes d'affaires et autres..), la lutte contre l'immigration clandestine et le traitement ferme réservé aux personnes en situation irrégulière", a soutenu Bourita lors d'une conférence de presse à l'issue d'un entretien avec son homologue mauritanien, Ismaël Ould Cheikh Ahmed.
Dans le cadre de cette approche, les consulats du Royaume ont délivré, lors des seuls huit premiers mois de l'année courante, 400 laisser-passer au profit de personnes qui étaient en situation irrégulière, a affirmé le ministre. "Partant de cela, l'adoption du paramètre du refus de la délivrance des déclarations consulaires nécessaires au retour des émigrés est inappropriée", a jugé M. Bourita.
Selon lui, le Maroc conditionne le retour de ses ressortissants au fait qu'ils disposent d'un passeport ou d'un laisser-passer, or, dans le sillage de la pandémie de la covid-19, le Royaume exige désormais qu'ils justifient en plus d'un test PCR négatif pour pouvoir accéder au territoire national.
Ce que la France ne déclare pas, a-t-il noté, c'est que nombre d'individus disposant de documents de voyage n'ont pas pu rentrer au Maroc car refusant de réaliser ce dépistage, facultatif en France.
Le problème est franco-français car si la loi française ne permet pas à ses autorités d'obliger les émigrés à se soumettre à ce test pour leur rapatriement, le Maroc n'acceptera pas non plus de changer ses lois pour permettre aux personnes venant de France d'accéder à son territoire sans se faire dépister, a-t-il détaillé. Toutefois, la décision de la France reste souveraine mais les raisons qui la motivent nécessitent précision et débat, car ne reflétant pas la réalité de la coopération consulaire entre les deux pays en matière de lutte contre l'immigration illégale, a insisté le ministre, affirmant que le Maroc suivra de près cette décision.