(Reuters) - Les responsables de la Banque d‘Angleterre (BoE) ont estimé jeudi qu‘une première hausse des taux d‘intérêt depuis plus de dix ans serait probablement nécessaire “dans les prochains mois” si l’économie britannique continue de croître et que les pressions inflationnistes continuent de se développer.
Les membres du Comité de politique monétaire (MPC) ont voté par 7 voix contre 2 pour un maintien du taux d‘intervention à un creux de 0,25%, comme prévu, mais ils ont fait savoir que leur patience à l’égard d‘une inflation supérieure à l‘objectif fixé par la banque centrale atteignait ses limites. Ils se sont dits unanimes à penser que les taux pourraient augmenter plus rapidement que ne l‘escomptent les marchés financiers.
“Une majorité des membres du MPC a jugé que, si l’économie continuait de suivre une trajectoire conforme à la perspective d‘une érosion continue des capacités productives inemployées et à une hausse progressive des pressions inflationnistes sous-jacentes, alors une certaine réduction du stimulant monétaire serait sans doute pertinente dans les prochains mois”, lit-on dans le communiqué de la banque centrale.
La BoE a ajouté que la performance de l’économie était un peu meilleure que ce qu‘elle pensait le mois dernier et que l‘inflation dépasserait sans doute les 3% en octobre, soit un peu plus que la prévision précédente, après 2,9% en août.
Mais elle se pose des questions sur la “durabilité de toute hausse du PIB à moyen terme”, s‘interrogeant en particulier sur la manière dont les ménages et les entreprises géreront l‘après-Brexit.
Après une performance économique meilleure que prévu en 2016, en dépit du référendum du 23 juin favorable à une sortie de la Grande-Bretagne de l‘Union européenne, l’économie britannique a ralenti au premier semestre 2017, donnant une croissance représentant la moitié à peu près de sa moyenne à long terme car une inflation au plus haut depuis quatre ans est venue réduire le revenu réel disponible des ménages.
De ce fait, la BoE s‘interroge sur la capacité de l’économie britannique à croître à moyen terme sans générer encore plus d‘inflation.
Dans l‘immédiat, le bond de l‘inflation au-dessus de son objectif de 2,0% s‘explique par la chute du sterling après le vote pour le Brexit, explique l‘institut d’émission.
Le sterling a touché un plus bas de neuf mois sur une base pondérée le 29 août mais s‘est depuis repris parce que, entre autres explications, le marché attend de la part de la banque centrale une hausse des taux et son hypothèse pour l‘instant, observent les stratèges, est qu‘elle interviendrait autour du mois d‘août 2018.
Les futures de taux sur le sterling fixent eux une probabilité de 40% à une hausse des taux d‘ici la fin de l‘année.
De telles attentes se sont toutefois rapidement évaporées par le passé et la plupart des économistes interrogés par Reuters fin août ne voyaient pas de hausse des taux avant 2019.
La BoE observe enfin que la croissance des salaires de 2,1% sur la période mai-juillet a été plus soutenue qu‘elle ne l‘envisageait mais elle se demande si la revalorisation salariale régulière qu‘elle anticipait se produira bien.
Un taux de chômage à 4,3%, un plus bas de 40 ans, est également une évolution plus positive qu‘elle ne l‘avait crue.