NEW YORK, 4 février (Reuters) - Les prévisions de bénéfices des entreprises de cette année ont été nettement revues à la hausse par des analystes qui les ajustent au nouveau régime fiscal des Etats-Unis, ce dont Wall Street devrait se réjouir face à l'entrave que risque d'être pour elle la hausse des taux d'intérêt à court terme.
Venant quelque peu tempérer de constat optimiste, la Bourse de New York a rétrogradé de plus de 2% vendredi, sous le coup à la fois d'une envolée des rendements obligataires, déclenchée par l'annonce d'une croissance soutenue de l'emploi et surtout des salaires aux Etats-Unis, et par des résultats d'entreprise jugés décevants. Elle a ainsi connu sa pire semaine depuis deux ans.
La trajectoire haussière des prévisions de résultats n'a pas échappé à l'attention d'investisseurs soucieux de vérifier que lesdits résultats viennent justifier des valorisations copieuses et compenser les effets perturbateurs de la hausse des rendements obligataires et du durcissement monétaire imposé par la Réserve fédérale.
L'indice S&P-500 reste en hausse depuis le début de l'année, même après son recul de près de 4% cette semaine, et a fini l'année 2017 sur un gain de 19,4%.
Quant à savoir si le coup de blues boursier de cette semaine durera, cela dépendra en partie des résultats de sociétés à venir.
Les résultats des pétroliers Chevron et Exxon Mobil ont déçu les investisseurs vendredi, comme l'avaient fait la veille ceux d'Apple et d'Alphabet; mais les résultats du quatrième trimestre n'en sont pas moins dans l'ensemble bien plus étoffés qu'on ne le prévoyait.
La croissance des bénéfices des sociétés du premier trimestre 2018 est prévue à 17,7%, et non plus à 11,2% comme c'était le cas le 20 décembre, lorsque les deux chambres du Congrès ont adopté la réforme fiscale qui prévoit notamment de ramener le taux de l'impôt sur les sociétés (IS) de 35% à 21%. Pour l'ensemble de 2018, la prévision de croissance est de 18,2% au lieu de 11,5% le 20 décembre dernier.
Habituellement, les anticipations faiblissent à mesure que la "saison" des résultats trimestriels se rapproche; la prévision de croissance des bénéfices se tasse de quatre points en moyenne entre le début du trimestre et le début des publications, observe David Aurelio, analyste de Thomson Reuters.
Durant le mois de janvier, les révisions positives des bénéfices de l'exercice 2018 des sociétés composant l'indice S&P-500 l'ont emporté sur les révisions négatives dans une proportion de 4,3 pour une, selon Bank of America Merrill Lynch. Ce rapport est le plus élevé depuis 1986 au moins, année la plus reculée à laquelle les données de la banque remontent.
Ces rehaussements des prévisions se poursuivront sans doute.
Le bénéfice par action agrégé de l'ensemble des sociétés du S&P-500 serait de l'ordre de 155 dollars cette année, soit neuf dollars de plus depuis le 20 décembre, selon les estimations de Thomson Reuters.
L'augmentation pourrait atteindre les 13 dollars, laissant penser qu'"il y a encore du champ", écrivent les stratèges de BofA-ML. "Il n'y a pas, habituellement, un événément comme celui-ci", qui touche autant de sociétés à la fois, observe Jill Carey Hall, stratège de BofA-ML, faisant référence à la réforme fiscale voulue par le président Donald Trump.
Outre cet élément exceptionnel, les entreprises américaines tirent parti d'une meilleure conjoncture économique mondiale et de l'affaiblissement du dollar, poursuit-elle.
Ces deux derniers facteurs pourraient encore étayer les bilans des entreprises même après intégration dans les cours de l'effet fiscal ponctuel.