Ce bilan, très provisoire, devrait s'alourdir, un très grand nombre de personnes restant piégées sous les décombres. La neige, qui tombe en abondance et la baisse des températures, attendue en soirée et demain, va rendre encore plus difficile la situation des personnes se retrouvant sans abri, ainsi que le travail des secours.
La première secousse est survenue à 4H17 locales (1H17 GMT), dans le district de Pazarcik, dans la province de Kahramanmaras (sud-est), à 60 km environ à vol d'oiseau de la frontière syrienne.
Des dizaines de répliques ont suivi, avant un nouveau séisme de magnitude 7.5, à 10H24 GMT, toujours dans le sud-est de la Turquie, à 4 km au sud-est de la ville d'Ekinozu.
Après le second séisme, Tulin, jeune femme d'une trentaine d'année vivant à Kayapinar, dans le district de Diyarbakir, raconte sa "peur" de rentrer chez elle.
"Je l'ai vivement ressenti parce que je vis au dernier étage. Nous sommes sortis en panique. C'était presque le même que ce matin. J'ai tellement peur maintenant, je ne peux plus rentrer dans mon appartement, je ne sais pas ce qui va se passer maintenant", a-t-elle raconté à l'AFP.
Et les bilans ne cessent de grimper: dans le nord de la Syrie, au moins 592 personnes ont été tuées et plus d'un millier d'autres ont été blessées, selon des bilans provisoires communiqués par un média d'Etat et des secouristes en zone rebelle.
En Turquie, au moins 912 personnes ont été tuées et plus de 5.385 blessées, dans sept différentes provinces, d'après les données communiquées par le président turc Recep Tayyip Erdogan qui a fait état de 2.818 immeubles effondrés.
Le bilan risque d'évoluer rapidement compte tenu du nombre d'immeubles effondrés dans les villes touchées, comme à Adana, Gaziantep, Sanliurfa, Diyarbakir notamment.
A Iskenderun et Adiyaman, ce sont les hôpitaux publics qui ont cédé sous l'effet du séisme, survenu à une profondeur d'environ 17,9 kilomètres.
Ce séisme est le plus important en Turquie depuis le tremblement de terre du 17 août 1999, qui avait causé la mort de 17.000 personnes, dont un millier à Istanbul.
Les intempéries qui frappent cette région montagneuse paralysent les principaux aéroports autour de Diyarbakir et Malatya, où il continue de neiger très fortement, laissant les rescapés hagards, en pyjama dehors dans le froid.
"Nous entendons des voix ici et là-bas. Nous pensons que peut-être 200 personnes se trouvent sous les décombres", a déclaré un secouriste dépêché devant un immeuble détruit de Diyarbakir, selon des images diffusées sur la chaîne NTV.
Face à cette désolation, partout les habitants se mobilisent et tentent de dégager les ruines à mains nues, utilisant des seaux pour évacuer les débris.
Plus au sud, toujours selon NTV, la citadelle byzantine de Gaziantep, érigée au 6e siècle, s'est partiellement effondrée.
En Syrie, le séisme a provoqué des scènes de panique, les habitants se sont ruant dehors, à pied ou en voiture, malgré les pluies torrentielles, ainsi qu'au Liban voisin où les secousses ont été fortement ressenties.
Le président turc, dont la réaction à ce drame sera très probablement suivie à la loupe avant l'élection du 14 mai qui s'annonce très serrée, a appelé à l'union nationale.
"Nous espérons que nous sortirons de cette catastrophe ensemble le plus rapidement possible et avec le moins de dégâts possible", a-t-il tweeté.
L'Union européenne, dont de nombreux Etats membres ont offert leur aide aux populations des régions dévastées, a commencé à envoyer des équipes de secours.
"Nous suivons, bouleversés, les nouvelles du séisme dans la région frontalière entre la Turquie et la Syrie. Le nombre de morts ne cesse d'augmenter. Nous pleurons avec les familles et tremblons pour les personnes ensevelies", a tweeté le chancelier allemand Olaf Scholz.
Les Etats-Unis, la Russie, Israël et l'Ukraine ont également offert leur aide, de même que la Grèce, dont les relations avec Ankara sont orageuses, qui a annoncé "porter une assistance immédiatement".
L'Azerbaïdjan, pays frère de la Turquie, a annoncé l'envoi immédiat de 370 secouristes, et l'Inde a fait état d'envoie d'équipes de secours et médicales.
En Syrie, selon les chiffres du ministère de la Santé rapportés par l'agence de presse officielle Sana, 371 personnes ont été tuées et 1.089 blessées dans les zones gouvernementales. Les Casques blancs, des secouristes qui se trouvent en zones rebelles, ont fait eux état de 221 morts et 419 blessés, ajoutant que ce bilan était provisoire.
En Turquie, les dégâts les plus importants ont été enregistrés près de l'épicentre du séisme de la nuit, entre Kahramanmaras et Gaziantep, où des pâtés de maison entiers étaient en ruine, sous la neige.
"Il n'est pas possible de dire combien de personnes sont mortes et blessées pour le moment, car il y a tellement de bâtiments détruits", a déclaré le gouverneur de Kahramanmaras, Omer Faruk Cosku.
Une mosquée datant du XIIIe siècle a été partiellement détruite dans la province de Maltaya, où un bâtiment de 13 étages, avec 28 appartements, s'est effondré.
Les gazoducs alimentant la région ont aussi été touchés et les provinces de Hatay, Kahramanmaras et Gaziantep sont privés de gaz a affirmé l'organisme public Botas.
Le Kurdistan d'Irak a annoncé avoir suspendu "par sécurité" ses exportations de pétrole vis la Turquie.
Les secousses, ressenties dans tout le sud-est du pays, ont également été ressenties au Liban et à Chypre, selon des correspondants de l'AFP, ainsi qu'au Kurdistan irakien dans le nord du pays à Erbil et Douk, mais aucune victime n'a été signalée.
Selon l'institut géologique danois, les secousses ont été ressenties jusqu'au Groenland.
La Turquie est située sur l'une des zones sismiques les plus actives du monde.
Fin novembre, un tremblement de terre de magnitude 6,1 a frappé le nord-ouest de la Turquie, faisant une cinquantaine de blessés et des dégâts limités, selon les services de secours turcs.