L'étude met en lumière les principales tendances et les enjeux majeurs pour les acteurs du secteur financier africain, tout en fournissant des indications sur les stratégies à adopter pour assurer une croissance soutenue et une transformation réussie.
Confiance en l’avenir mais vigilance accrue à court terme
Avec seulement 15% des répondants qui anticipent un contexte macroéconomique défavorable dans les trois années à venir, l’industrie financière a exprimé une certaine confiance en l’avenir. En effet, 65% des dirigeants d’institutions financières considèrent leur industrie de plus en plus attractive.
D’autre part, les avancées majeures récentes telles que le déploiement du projet pilote du Système de Paiement et de Règlement Panafricain ou PAPSS (Pan-African Payment and Settlement System) ou la mise en ligne d’AELP Link (plateforme d'interconnexion permettant la négociation de titres cotés en bourse sur les sept places boursières participantes), renforcent cet état d’esprit.
L’industrie financière reconnaît, toutefois, faire face à des pressions à court terme, telles que l'inflation. En effet, si elle persistait, cette pression pourrait contraindre les institutions financières à adapter leur approche commerciale (pour plus de 40% des répondants) ou leur tarification (pour plus de 50% des répondants) afin de limiter l’impact sur leur rentabilité et leur solvabilité.
La menace grandissante représentée par les risques de cybersécurité constitue un autre point de vigilance. Pour la 2e année consécutive, ces risques se placent en tête des préoccupations des institutions financières, devant le risque opérationnel.
De grandes ambitions contrariées par d’importants challenges
Dans la continuité du baromètre précédent, l’industrie poursuit sa transformation stratégique vers des modèles plus agiles axés sur les services et le numérique. Pour mener à bien cette ambition, elle investit dans les domaines clés, au premier rang desquels, le capital humain et la technologie.
La transformation digitale reste un chantier prioritaire étant donné que moins de 10% des institutions interrogées estiment avoir atteint le niveau espéré.
La mutation rapide du secteur est également portée par le phénomène de l’open data ou open banking / insuring. Ce phénomène permet aux institutions financières traditionnelles d’innover en ouvrant leurs systèmes aux fintechs. Près de 38% de l’échantillon interrogé déclarent avoir déjà initié de tels partenariats.
En parallèle, 63% des institutions considèrent les cryptoactifs comme une opportunité qui nécessite cependant un encadrement par les régulateurs.
Ces grandes ambitions restent néanmoins entravées par des difficultés structurelles dont la faible profondeur des marchés financiers, la limitation des instruments d’atténuation des risques et la faiblesse, voire l’absence de réglementation sur certaines thématiques émergentes dont la finance digitale.
Faible intégration des enjeux de durabilité
L’industrie financière peine à jouer un rôle moteur dans la transition énergétique. Seule une minorité d’institutions financières (23%) déclare avoir déjà défini une trajectoire de décarbonation. Le solaire constitue l’investissement énergétique privilégié pour les cinq prochaines années.
« Le Baromètre de l'Industrie Financière Africaine 2023 met en exergue la capacité d'adaptation et l'appétit d'innovation des institutions financières africaines face à un environnement en perpétuelle évolution. Néanmoins, des défis importants demeurent, notamment en ce qui concerne la finance numérique, la protection des données personnelles et la transition énergétique. Afin de surmonter ces obstacles, les institutions financières africaines doivent poursuivre leur transformation et renforcer leur résilience face aux défis futurs. » indique Aristide Ouattara, Associé Leader Industrie Financière de Deloitte Afrique Francophone.