Crédit du Maroc : le bon sens a-t-il de léavenir ?
Présentation des résultats de Crédit du Maroc le 11 mars 2016
Le management de Crédit du Maroc tenait une conférence de presse ce matin. Risques, contrôle fiscal, perspectives au Maroc... Autant de sujets qu'il fallait aborder intelligemment pour rassurer le marché. Compte-rendu.
Comment aborder sereinement une rencontre avec la presse et les analystes quand on enregistre une baisse des bénéfices de 65% ? Comment s'y prendre pour désamorcer les journalistes et éviter les gros titres, type déconfiture, effondrement ou autres dans les éditions de lundi ? Et le contrôle fiscal alors ? Bref, vous l'aurez compris, la préparation d'un tel point de presse est loin d'être une partie de plaisir.
D'emblée, le management a voulu couper court à toute polémique. Le président de la Banque, Valdoméro Valverde, a déclaré : "Nous sommes là pour rassurer sur notre avenir au Maroc et rassurer sur nos résultats qui peuvent susciter des interrogations". Car, il faut le dire, une chute aussi importante des bénéfices a tendance à cacher tout le reste, notamment l'activité commerciale - l'opérationnel, cet ensemble d'opérations réalisées chaque jour par les femmes et les hommes de la banque à travers le réseau. Sur ce point, il faut dire que Crédit du Maroc dispose dans son bilan à fin 2015 de 38,4 Mds de dirhams de dépôts (+3,9% par rapport à 2014) alors que les crédits distribués ont atteint 36,9 Mds de dirhams (+5,6%) mais le résultat de ces activités est maigre: Le produit net bancaire a stagné (0,3%). Dans le détail, la marge d'intérêt s'est appréciée de 6% alors que la marge sur commissions a gagné un petit 1%. L'activité de marché, en baisse, a contrebalancé les progrès réalisés sur les deux autres composantes. Mais au final, deux phénomènes ont complètement absorbé cette petite performance commerciale. Il s'agit du contrôle fiscal et du coût du risque.
Le contrôle fiscal
Selon le management, le contrôle fiscal porte sur les déclarations d'IR. Il ne s'agit pas de dissimulation d'informations mais d'un problème d'interprétation. La banque a été notifiée pour un montant bien plus élevé que les 79 MDH dont elle s'est acquittée mais a préféré y mettre fin rapidement en négociant ce montant. Ce sont au final ces 79 MDH en plus d'une appréciation du coût du risque de 20% qui ont eu raison de ses bénéfices.
Un coût du risque en hausse de 20%
766 MDH, c'est quote-part des fonds propres allouées par la banque pour faire face à d'éventuels risques, contre 598 MDH en 2014. Cette hausse de 20% a été expliquée par les provisions concernant les clients corporate qui font ou risquent de faire défaut ainsi que par l'effort de provisionnement habituel de la banque, jugé d'ailleurs excessif par les opérateurs. Les engagements envers Alliances et Samir sont couverts à 100% par des provisions, explique le président du Directoire, alors que les sidérurgistes sont provisionnés à hauteur de 70%. Au final, la banque affiche un taux de couverture des plus élevés de la place : 74%.
Quant à l'avenir, la banque espère réaliser de meilleures marges grâce à ses actions commerciales et le recrutement de nouveaux clients plutôt haut de gamme. Le digital sera également mis à profit. La bancassurance devrait apporter, pour sa part, 2 à 3 % de PNB additionnel dans le futur à travers son partenariat avec Saham Assurance. Enfin, concernant les résultats financiers tout se jouera sur les risques maintenant que l'épisode fiscal est derrière. Si la banque arrive dans un meilleur contexte des risques à enregistrer des reprises sur les provisions de ces dernières années, un rattrapage, peut-être même important, sera constaté. Encore faut-il que sa course effrénée pour récupérer des parts de marché dans le crédit promoteur ne lui explose pas en plein figure. Car, au moment où toutes les banques limitent leur exposition à l'immobilier, l'encours des crédits promoteurs immobiliers de CDM a augmenté de 26% en 2015. Le management promet qu'il s'agit de "petits" promoteurs, principalement dans l'axe Casa-Rabat. Est-ce du bon sens ? L'avenir nous le dira.