Notre économie évolue dans un contexte de reprise très timide entouré d'incertitudes et de fragilités. Des chocs internes ont impacté les conditions dans lesquelles évolue notre économie, notamment la sécheresse en 2022, qui n'arrange pas une situation déjà marquée par l'inflation et les répercussions de la guerre en Ukraine.
2023 : Une année délicate ?
L'année 2023 sera bien évidemment une année très délicate, une année où l’on devra éviter de se retrouver en fin de parcours dans une situation de dépit, explique Karim El Mokri, économiste chercheur, lors du webinaire organisé par l'Institut CDG. Une année donc, pour lui, exceptionnelle vu qu’elle viendra après trois années de chocs successifs avec des crises multiformes; sanitaires, économiques, financières … C’est une année de fortes incertitudes, précise El Mokri, pour qui l'année restera marquée par un manque de visibilité que ce soit pour les décideurs politiques ou pour les acteurs économiques, investisseurs ou citoyens. «Nous arrivons à des chocs géopolitiques et macroéconomiques majeurs qui n'ont pas vraiment permis d'avoir une trajectoire ascendante en matière de croissance et performance», a-t-il expliqué.
Comme le souligne le chef de la division synthèses macroéconomique de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), Toufik Abad, lors de ce séminaire, «nous sommes dans une période où les cycles de croissance sont de plus en plus courts avec des phases de récession d’amplitude assez élevée, ce qui donne moins de visibilité pour les projections de croissance économique».
La fourchette de croissance établie par les différents organismes varie entre 3.1% et 4.6%, ce qui donne un peu d’espoir pour 2023. «On s’attend alors à une croissance 2023 supérieure à la croissance mondiale», explique Abad.
Des raisons d'espérer
Quant à la Banque mondiale, elle a une fourchette plutôt optimiste de la projection de la croissance : entre 3,5% et 3,8% pour 2023, ce qui est pour Dr. Javier Diaz Cassou, senior économiste de la Banque mondiale pour le Maroc, plutôt en coordination avec le FMI et le ministère de l’Economie et des Finances. C’est une projection qui tient compte, selon lui, de plusieurs chocs, du fort ralentissement attendu à l’Union européenne qui aura normalement une croissance de moins de 1% en 2023, du changement de cycle de la politique monétaire, non seulement des économies avancées mais aussi du Maroc. C’est une projection qui tient compte aussi des effets des tensions inflationnistes sur la consommation.
D'après Dr.Cassou, les risques sont clairement à la baisse, malgré qu’il y ait encore des facteurs qui pourraient réduire la croissance. Ce sont les performances du secteur agricole qui vont un peu définir le niveau de croissance de 2023, explique Javier, avec un retour peut-être d’une production agricole moyenne l’année prochaine.
Malgré tout, restons optimistes puisque l’économie du Maroc a tout de même des atouts très importants, notamment sa résilience qui a été démontrée pendant ces dernières années avec un cadre macro politique très solide et des institutions qui sont chargées de la politique macro.
S.Mokhtari, journaliste stagiaire