BMCE Capital Investments vient d’annoncer, le 30 octobre, un nouvel investissement dans la startup CATHEDIS. L’occasion pour nous d’interroger Ghita Khaoulani, Directrice d’Investissement au sein de la société de gestion, sur le développement de l’écosystème des startups au Maroc. Tour d’horizon.
Boursenews : Quel rôle jouent les sociétés de gestion dans l'écosystème des startups aujourd'hui, particulièrement dans des marchés émergents comme le Maroc ?
Ghita Khaoulani : Les sociétés de gestion jouent un rôle essentiel en mobilisant des ressources financières et en accompagnant les entrepreneurs tout au long de leur croissance. Dans un marché émergent comme le Maroc, où l’accès au financement reste un défi pour les start-ups, elles fournissent des capitaux et de l'expertise en stratégie, en gestion et en structuration financière. En agissant comme catalyseurs, elles facilitent également l’intégration des startups dans un réseau d’affaires plus large, qui est crucial pour leur développement.
Boursenews : À quel moment de la vie de l'entreprise intervenez-vous ?
Ghita Khaoulani : Dans le cadre du Fonds Capital Venture, dédié à la startup marocaine et l’un des fonds de BMCE Capital Investments, nous intervenons dans les phases d’amorçage et de scaling. Durant la phase d’amorçage, la start-up a déjà développé un MVP (Minimum Viable Product) et obtenu des premiers retours marché. Elle possède une stratégie de commercialisation et de développement et a besoin de fonds pour pénétrer son marché cible et générer plus de traction. Dans la phase de scaling, la start-up génère des revenus, a une vision claire de son marché et souhaite lever des fonds pour se développer très vite et passer à la scalabilité. C’est dans ces étapes que notre fonds joue un rôle critique, en apportant non seulement des financements mais aussi un accompagnement stratégique et opérationnel pour maximiser ses chances de succès.
Boursenews : Quels sont, selon vous, les principaux défis auxquels les startups font face à leurs débuts ? Comment des organismes comme le vôtre peuvent-ils les aider à relever ces défis ?
Ghita Khaoulani : Les principaux défis incluent l’accès au financement, le manque de visibilité et de réseau, et la maîtrise des aspects réglementaires. Notre rôle est de leur offrir un soutien complet : des financements pour leurs besoins immédiats, un accompagnement stratégique pour structurer leur croissance et un accès à un réseau d’experts pour leur permettre de surmonter les obstacles opérationnels et maitriser les aspects règlementaires.
Boursenews : L'écosystème a connu un véritable saut qualitatif avec le programme Innov Invest. Partagez-vous ce constat ? Comment collaborez-vous avec ce programme ?
Ghita Khaoulani : Absolument, le programme Innov Invest a dynamisé l’écosystème marocain en attirant de nouveaux acteurs et en favorisant le financement en amorçage. Parmi ses initiatives, on trouve notamment la garantie Tamwilcom, qui couvre une partie des investissements en start-ups marocaines, réduisant ainsi le risque pour les investisseurs et facilitant l’accès au financement pour les jeunes entreprises. Nous sommes également en discussions avec plusieurs start-ups issues du réseau d’incubateurs partenaires d’Innov Invest, qui jouent un rôle essentiel dans l'accompagnement initial des entrepreneurs et la structuration de leurs projets. Cette collaboration nous permet de rencontrer des projets prometteurs, déjà validés à travers un parcours de maturation, avant de les accompagner dans leurs prochaines étapes de développement.
Boursenews : Parlez-nous des startups que vous accompagnez actuellement.
Ghita Khaoulani : Nous venons de closer notre premier investissement dans Cathedis, une start-up qui réinvente la logistique Last Mile Delivery et qui connait une forte croissance. Cette levée permettra à la startup de consolider sa position au Maroc et d’accélérer son expansion internationale.
D’autres investissements sont prévus dans les prochains mois dans des secteurs variés à travers le Fonds Capital Venture. Nous avons un pipe d’opportunités diversifié dans des domaines tels que la fintech, la gestion immobilière, la mobilité verte ou la cybersécurité.
Boursenews : En comparaison avec les autres segments du capital-investissement, quelles sont les particularités du segment du capital-risque (VC) au Maroc ?
Ghita Khaoulani : Le capital-risque se distingue par sa prise de risque plus élevée et un horizon de rentabilité plus long. Au Maroc, le segment du VC est en pleine émergence avec un cadre de risque spécifique aux startups, comme la volatilité des valorisations et le manque de liquidité du marché secondaire. Pour contrer cela, nous adoptons des stratégies d’investissement flexibles et des mécanismes de sortie adaptés au contexte marocain.
Boursenews : Enfin, quels sont, selon vous, les aspects réglementaires, de marché ou autres qu'il faudrait améliorer rapidement pour continuer à soutenir le secteur ?
Ghita Khaoulani : Il serait essentiel de simplifier davantage les processus de création d’entreprises et de renforcer les mesures fiscales pour encourager les investissements dans les startups. La création d’un cadre juridique plus favorable aux levées de fonds et aux sorties, ainsi que le soutien à l’internationalisation des startups, pourrait également stimuler l’écosystème.
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