Dans une nouvelle note de recherche diffusée lundi, la Recherche de CFG Bank se penche sur les perspectives des résultats pour l'année en cours ainsi que sur les niveaux de valorisation. Tour d'horizon.
« 2022 est une année qui s’annonce relativement difficile en raison d’une mauvaise campagne agricole et l’exacerbation des pressions inflationnistes sur les cours mondiaux des matières premières », écrit d’emblée la cellule Recherche du groupe bancaire.
En effet, dans un contexte, marqué par un net ralentissement de la croissance économique (PIB 2022 anticipé à +1%) et des niveaux d’inflation exceptionnellement élevés (5,4% versus une moyenne historique de 1,1%) la masse bénéficiaire de l’ensemble des sociétés cotées à la bourse de Casablanca devrait selon les prévisions s’établir en progression de 6,9% en 2022.
Retraitée des éléments à caractère exceptionnel enregistrés en 2021, dont principalement une provision de BCP d’environ 1 Md de dirhams relative aux dations en paiement, la masse bénéficiaire ajustée devrait enregistrer une progression de seulement 3,5% en 2022E par rapport à 2021.
« Selon nos anticipations, la masse bénéficiaire ajustée devrait s’établir à 30 Mds 2022, quasiment au même niveau que 2019 », écrivent-ils.
Qu’en est-il des valorisations ?
« Au moment où nous rédigeons cette note, le marché traite au niveau de janvier 2020. Dans une conjoncture normative, les niveaux de valorisation en début d’année reflètent les anticipations des investisseurs par rapport aux résultats annuelles de l’année antérieure publiés en mars de l’année en cours. Ainsi, partant de ce postulat, nous pourrions déduire de manière intuitive qu’actuellement le marché est correctement valorisé étant donné que la masse bénéficiaire devrait égaler celle de 2019 en 2022, et que le marché traite exactement au niveau de janvier 2020 ».
Toutefois, la courbe descendante ne semble pas s’atténuer et le marché semble toujours engagé dans une dynamique baissière. ET d’expliquer : « Selon nous, le marché anticipe l’impact d’une éventuelle tension sur la courbe des taux sur le coût du capital et donc sur les niveaux de valorisation des sociétés».
« Une forte augmentation des taux sur le marché secondaire des bons du Trésor entrainera une augmentation du coût du capital et de facto une baisse des niveaux de valorisation, accélérant d’avantage l’orientation baissière du marché. Ainsi, au-delà de l’évolution de la masse bénéficiaire en 2022E, les niveaux de valorisation du marché demeureront tributaires de l’évolution des taux sur le marché secondaire des bons du Trésor », conclut CFG Bank.
Des secteurs à croissance positive…
En 2022, la croissance du marché sera portée par plusieurs secteurs selon CFG Bank, à commencer par les mines (+326 MDH), les banques (+221 MDH), les télécoms (+171 MDH), les opérateurs portuaires (+146 MDH), et le tourisme (+106 MDH).
…Et d’autres secteurs sous pression
En revanche, l’agroalimentaire (-54 MDH), le ciment (-100 MDH), la distribution automobile (-133 MDH) ou encore l’energie (-184 MDH) seront sous pression. Plusieurs raisons sont évoquées : Augmentation des prix des intrants, crise des semi-conducteurs, baisse des volumes de vente….etc.
Un contexte toujours tendu sur les taux
Bien qu’à l’issue de son dernier conseil tenu le 21 juin, Banque Al Maghrib a décidé de garder le taux directeur inchangé à 1,5%, les taux sur le marché secondaire des bons du Trésor ont toutefois augmenté depuis le début de l’année, rappellent les analystes pour qui le Maroc devrait faire face à un ralentissement de la croissance en 2022 et à un déficit budgétaire largement supérieur à son niveau d’avant crise. L’Etat devra non seulement financier ce déficit, dans un environnement marqué par une augmentation des taux à l’international, mais devra par ailleurs avoir recours aux mécanismes de financements innovants tels que les PPP (partenariats public-privé) et la titrisation d’actifs afin d’éviter de creuser d’avantage ce déficit.
Et d’expliquer que l’amplitude avec laquelle les taux vont augmenter en 2022 demeure tributaire de plusieurs facteurs dont notamment :
1. La capacité de l’Etat à se financer à l’international ;
2. L’évolution des charges de compensation d’ici la fin de l’année
3. L’évolution du taux directeur d’ici la fin de l’année.
En d’autres termes, « au-delà de l’évolution de la masse bénéficiaire en 2022E , les niveaux de valorisation du marché demeureront tributaires de l’évolution des taux sur le marché secondaire des bons du Trésor »