Alors qu'un prolongement du statu quo est pratiquement acquis et largement anticipé, les marchés seront particulièrement attentifs aux commentaires du gouverneur concernant la croissance, l'inflation et le déficit. Voici quelques explications.
En raison de la multiplication des signes de résilience économique au niveau national et de l'approche plutôt dovish des banques centrales internationales, notamment la FED, BMCE Capital Global Research anticipe un statu quo lors de la prochaine réunion de Bank Al-Maghrib prévue le 19 décembre, en maintenant le taux de réserve obligatoire inchangé à 0%. Bank Al-Maghrib devrait ainsi suivre un chemin similaire à celui de ses homologues internationaux et prolonger une "pause" qui a pris des allures de "stop" depuis septembre. Ce statu quo, le troisième consécutif, s'expliquerait également par une tendance baissière de l'inflation.
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Si les opérateurs ont une bonne visibilité actuelle sur la politique monétaire, il en va autrement pour les indicateurs macroéconomiques. Concernant la croissance, la Banque Centrale devrait émettre de nouvelles prévisions, notamment pour 2024, en prenant en compte les impacts du séisme d’Al Haouz, du plan de reconstruction, des directives de la Loi de Finances 2024 et des conditions pluviométriques du dernier trimestre, essentielles pour la campagne céréalière 23/24, comme le souligne justement le bureau de recherche.
Rappelons que la banque centrale a révisé à la hausse ses prévisions de croissance à 2,9% en septembre après 2,4% en juin. Pour 2024, elle envisage une augmentation de 3,2% du PIB. Ces nouvelles prévisions seront scrutées de près. En septembre, le Wali a exprimé son enthousiasme en évoquant la reprise post-séisme, suggérant que la reconstruction entraîne généralement une dynamique positive de croissance.
Un autre aspect crucial concerne l'inflation, ou plutôt son rebond. Bien que l'indice des prix à la consommation connaisse un retrait constant justifiant largement le statu quo, les analystes de BKGR mettent en lumière certains risques liés à la mécanique des prix. "Les pressions inflationnistes doivent rester sous haute surveillance, surtout avec le lancement fin 2023 du programme d’aides directes, qui pourrait être perçu comme une injection significative de liquidités dans l'économie, le début de la première phase de décompensation du gaz butane prévue à partir du T2 2024, et la forte volatilité des hydrocarbures dans un contexte géopolitique et économique mondial encore instable", indique un rapport du bureau de recherche.
Enfin, le marché sera attentif aux prévisions de déficit. BKGR rappelle que les dernières prévisions de Bank Al-Maghrib tablent sur un léger recul à 5,1% du PIB en 2023 après 5,2% en 2022, puis 4,9% en 2024. Parallèlement, et à la suite des deux précédents statu quo, le Trésor a optimisé sa stratégie, entraînant une baisse des taux. Le budget d'investissement historique du gouvernement, prévu par le PLF 2024, aura-t-il un impact sur les prévisions de BAM ? Réponse attendue le mardi 19 décembre.