Le taux de rémunération des comptes d’épargne augmente de 19 pbs à 1,51% au titre du premier semestre 2023.
Cette hausse ne suffira pas à neutraliser l’effet de l’inflation qui accélère de mois en mois et qui ronge les économies des épargnants placées à faible taux.
Le durcissement monétaire de Bank Al-Maghrib et les hausses des taux successives en 2022 ont permis d’améliorer la rémunération de plusieurs produits d'épargne réglementée. C’est le cas notamment des comptes sur carnet. Selon les dernières statistiques de BAM relatives au mois de novembre, le taux de rémunération des dépôts à terme à 6 mois a augmenté mensuellement de 33 points de base à 2,41% et celui à 12 mois a enregistré une hausse de 22 points de base pour s’établir à 2,63%.
Pour les comptes d’épargne, leur taux minimum de rémunération a été fixé à 1,51% pour le premier semestre 2023, soit une hausse de 19 points de base par rapport au semestre précédent. Notons que le taux de rémunération annuel des comptes sur carnet est égal au taux moyen pondéré des bons du Trésor à 52 semaines émis par voie d'adjudication au cours du semestre précédent, diminué de 50 points de base.
Avec l’envolée actuelle des taux courts (+114 points de base pour le BDT 52 semaines hier), la rémunération des produits bancaires devrait nettement augmenter lors des prochains semestres. Toutefois, les niveaux de rendement sont toujours inférieurs à ceux observés avant la crise sanitaire où les épargnants profitaient d’une rémunération autour de 1,8%, voire plus. Ces derniers voyaient même leurs comptes sur carnet rémunérés à plus de 3% en 2013 alors que le taux directeur se situait à 3%.
Une inflation qui ronge
Par ailleurs, l’augmentation de ce taux demeure insuffisante pour compenser l’inflation qui a atteint 8,3% en novembre et qui devrait atteindre 6,6% en 2022. En d’autres termes, l’argent placé dans ce produit d’épargne bancaire perdra de sa valeur malgré les intérêts servis. En effet, l’érosion de la valeur monétaire due à la hausse générale des prix fait qu’un placement dont le rendement est inférieur au taux de l’inflation ne rapporte plus rien. Il coûte même de l’argent, car le taux de rendement réel (taux de rendement du placement minoré du taux d’inflation) est négatif.
En décembre, le Wali de Bank Al-Maghrib a expliqué que les derniers relèvements du taux directeur agissent en faveur de l’épargne. «L'augmentation des taux que nous opérons, va devoir pousser la clientèle à réclamer une meilleure rémunération au niveau du système bancaire. Cela ne signifie pas qu'elle va pouvoir obtenir une rémunération positive d'un seul coup, mais le différentiel sur le plan négatif va s'amoindrir», a-t-il affirmé.
Le Wali de BAM a, en outre, fait savoir que les banques marocaines n'ont pas connu de retraits massifs au niveau des dépôts pendant la période de crise, expliquant ce constat par la présence de l’élément «confiance». Il faut dire que les ménages marocains ont historiquement privilégié la détention des avoirs financiers liquides, de moindre risque et donc peu rémunérateurs.
Il est à signaler que les dépôts auprès des banques ont enregistré, à fin novembre 2022, une hausse annuelle de 5,1% pour s’établir à 1.099 Mds de DH. Les dépôts des ménages se sont établis à 811,8 Mds de DH, en hausse annuelle de 5,5% avec 195,6 Mds de DH détenus par les MRE. Les dépôts des entreprises privées ont, pour leur part, progressé de 9,8% pour atteindre 182,2 Mds de DH à fin novembre.
Alternatives
Pour protéger son épargne et espérer un gain supérieur à l’inflation, une prise de risque en capital s’avère incontournable. À ce titre, plusieurs placements peuvent être indiqués. Le premier vers lequel se tournent le plus souvent les épargnants est l'or. Valeur refuge par excellence, utilisée comme rempart historique contre l'inflation pour son côté tangible et son indépendance de toute monnaie, son cours tend à s'apprécier aussi vite, voire bien plus vite que l'augmentation des prix. Pour ceux qui préfèrent miser sur l'or à travers des actifs financiers, il existe des fonds en or, à l’image de l’OPCVM Attijari Gold, qui permet de répliquer la performance du métal jaune en Dirham. Ce fonds a affiché à fin novembre 2022 une performance de 12,03% en ytd (et une performance cumulée de 52% sur 5 ans), avec un encours de 24 MDH.
Autre possibilité : les produits indexés sur l’inflation. CFG Bank a d’ailleurs lancé en 2022 le premier produit d’épargne indexé sur l’inflation au Maroc, destiné aux particuliers et aux personnes morales. Ce produit offre un rendement annuel minimum garanti sur 3 ans ou 5 ans, ajusté annuellement de la variation du taux d’inflation officiel « basé sur l’IPC », tel que publié mensuellement par le HCP.