L'inflation semble tenace et les investisseurs n'arrivent pas à s'en accommoder. Pour le quatrième mois consécutif, l'Indice des prix à la consommation s'est installé au-dessus de 8% en rythme annuel et le petit repli d'octobre (8,1%) a laissé place à un nouveau sursaut en novembre (8,3%).
A moyen terme, l'inflation va même devoir continuer à enregistrer des taux élevés pour une période bien plus longue que prévu en septembre par la Banque centrale, impactée notamment par les pressions externes qui se répercutent aux biens et services non échangeables et par la mise en œuvre de la réforme du système de compensation à partir de 2024. «Nos prévisions font ressortir que l'inflation passerait à 6,6% en 2022, avant de revenir à 3,9% en 2023. Il s’agit d’un taux qui dépasse toujours l'objectif de stabilité des prix», a dit le Wali de Bank Al-Maghrib mardi, laissant entendre qu'il faudra continuer à combattre ce phénomène à moyen terme.
Et la tâche ne s'annonce pas facile avec la perspective de la décompensation à partir de 2024. Une réforme qui devrait s'étaler sur 2 ans, qui n'attendait que l'opérationnalisation du registre social unifié actuellement en phase de test et qui est désormais intégrée dans le scénario central de BAM. «En 2024, les tarifs réglementés enregistreraient une forte progression de 12,9%, avec le démarrage programmé de la décompensation des prix du gaz butane et du sucre», a indiqué le Wali.
C'est ce qui fait dire à Attijari Global Research que Bank Al-Maghrib devrait «en toute logique» poursuivre son cycle de resserrement monétaire en 2023, à travers au moins une hausse supplémentaire du taux directeur durant le premier semestre 2023.
Cette perspective a pesé sur les marchés cette semaine où le MASI a évolué en trois temps, au gré des nouvelles : Une baisse lundi qui s'est accélérée mardi après l'annonce du hausse du taux directeur de 50 pbs, largement anticipée. Une reprise poussive mercredi, un plafonnement jeudi et vendredi après les chiffres de l'inflation. Au final, le MASI achève une seconde semaine de baisse et se trouve désormais 6% plus haut que ses plus bas annuels et 27% plus bas que ses sommets. Une faiblesse claire qu'il faut lier à la dégradation de l'environnement macroéconomique, aux pressions attendues sur la capacité bénéficiaire de l'exercice et à l'environnement défavorable des taux.
Marché obligataire : Bank Al-Maghrib veut faire bouger les lignes
Abdellatif Jouahri a annoncé cette semaine vouloir intervenir sur le marché obligataire secondaire pour le réguler. Une manière indirecte de financer le Trésor en donnant des liquidités aux investisseurs. Mais ce sont les modalités exactes de ces interventions, leurs tailles et leur durée qui donneront une réelle visibilité sur les intentions de Bank Al-Maghrib.
Quoi qu'il en soit, nous retenons déjà que cette annonce inédite, jamais faite par la Banque centrale, montre l'ampleur du blocage sur ce marché où la banque centrale se trouve obligée de jouer au pompiers avec, en toile de fond, un marché primaire qui ne reflète pas la réelle hausse des taux voulue par les investisseurs que le Trésor ne souhaite pas concéder pour ne pas voir les taux s'envoler. Avec ce bras de fer, l'environnement des taux risque donc de continuer à peser sur les valorisations boursières.
Éléments graphiques
Sur le plan graphique, en données horaires, la tendance à très court terme est baissière sous 11.075 points.
Secteurs et actions individuelles : Les top et les flops de la semaine
Le secteur des distributeurs (-4,74%) a accusé le plus fort repli, suivi de celui des services de transport (-3,61%) et ceux de la santé et des matériels, logiciels et services informatiques avec (-3%) chacun.
A l'opposé, le secteur des boissons a réalisé la meilleure performance (+9,20%), devançant celui des mines (+4,14%) et des loisirs et hôtels (+2,50%).
Sur le podium des transactions des valeurs, BCP figure en tête avec un volume de 72,97 MDH, suivie de Aktidal (40,51 MDH) et de Itissalat Al-Maghrib (37,92 MDH).
Côté valeurs individuelles, les plus fortes baisses ont été accusées par Aluminium du Maroc (-5,33%), Eqdom et Sonasid (-5,26%) chacun, Immorent Invest (-4,81%) et HPS (-4,75%).
Les meilleures performances de la semaine ont été l'œuvre de Promopharm SA (+12,73%), Oulmes (+12,40%), Stokvis Nord Afrique (+10,41%), Société des Boissons du Maroc (+8,23%) et Managem (+7,3%).