Autrefois réservée à une élite institutionnelle ou perçue comme telle, la Bourse de Casablanca connaît aujourd’hui un changement de paradigme. Les barrières tombent, les volumes augmentent, et le marché s’ouvre à un public qui, hier encore, hésitait à franchir le pas. Pourquoi cet engouement ? Quels mécanismes ont permis de démocratiser un univers parfois jugé intimidant ? Éclairage avec Yassine Abaroun, Business Development Officer à la Bourse de Casablanca.
Depuis quelques années, la Bourse de Casablanca voit un afflux significatif d’investisseurs particuliers, un phénomène amplifié depuis la pandémie de Covid-19. Cette tendance ne doit rien au hasard : elle repose plutôt sur des mesures concrètes de démocratisation et un regain d’intérêt pour les opportunités locales, dans un contexte où l’économie marocaine gagne en visibilité internationale.
Les dernières introductions en Bourse d’Akdital, TGCC, ou encore de CFG Bank, largement plébiscitées par cette nouvelle génération d’investisseurs, illustrent parfaitement cette dynamique.«Aujourd’hui, la Bourse est de plus en plus considérée comme une option d’investissement fiable par les jeunes et les nouveaux entrants», explique Yassine Abaroun. Cet intérêt témoigne d’une volonté croissante de réduire les barrières psychologiques qui freinaient jusqu’à présent une partie du public.
Si le marché primaire reste le point d’entrée privilégié des particuliers, le marché secondaire montre également des signes de dynamisme. Les volumes échangés augmentent, et les investisseurs s’intéressent de plus en plus aux actions déjà cotées, ce qui améliore la liquidité.
«Nous assistons à une phase où les investisseurs ne se contentent plus de participer aux introductions en Bourse. Ils cherchent à diversifier leurs stratégies et à capitaliser sur le potentiel du marché secondaire», ajoute Abaroun.
Cette évolution pourrait aussi contribuer à réduire la volatilité des actions récemment introduites en Bourse, souvent sujettes à des ventes massives dans les premiers mois suivant leur cotation.
La Bourse de Casablanca ne se limite pas à attirer des investisseurs : elle s’efforce de les accompagner. Parmi les initiatives phares figure la plateforme E-Bourse.ma, un simulateur permettant aux particuliers de se familiariser avec les mécanismes de l’investissement sans prendre de risque. «L’objectif est d’éduquer et d’accompagner les particuliers, en leur fournissant les outils nécessaires pour investir en toute confiance», souligne Abaroun.
L’ouverture d’un compte-titres, possible via une banque ou une société de Bourse, est une démarche encore méconnue mais essentielle. Pour combler ce manque d’information, des efforts sont déployés pour sensibiliser les réseaux bancaires et former les futurs investisseurs.
L’année en cours s’annonce favorable pour la Bourse de Casablanca, marquée par des sommets historiques et une forte dynamique sur le marché primaire avec une nouvelle IPO de CMGP Group. «Si cette tendance se poursuit, elle renforcera l’attractivité de la Bourse et contribuera à structurer davantage l’écosystème de l’épargne au Maroc», affirme Abaroun.
Avec le retour en force des investisseurs particuliers et des initiatives pour élargir la base des actionnaires, la Bourse de Casablanca se positionne comme un acteur clé du développement de l’épargne au Maroc. La combinaison d’une demande croissante, d’outils pédagogiques adaptés et d’un marché plus dynamique pourrait ouvrir de nouvelles perspectives tout en consolidant son rôle dans l’économie nationale.