Le secteur des assurances est en bas de cycle. Dans ce contexte, Wafa Assurance a dégagé un chiffre d'affaires en hausse limitée de 3,1% au premier semestre profitant de la bonne tenue des activités non Vie (+13,3%), tandis que la Vie fait -5,8% à cause de l'épargne dont le chiffre d'affaires s'est dégradé de 9,3%. Le top management assume une croissance maîtrisée et tient le même discours depuis le retour de Ramsès Arroub aux commandes : La croissance prudente, être sélectif, ne pas hésiter à se délaisser des mauvais dossiers. Une stratégie qui peut s'avérer payante au vu des durcissements réglementaires à venir.
Inflation réglementaire
L'ACAPS a introduit une série de nouvelles règles plus ou moins contraignantes pour le secteur. Tout d'abord, pour la classification des créances assurés, le régulateur revoit à la hausse les taux avec un provisionnement plus rapide en fonction de l'âge de la prime qui atteint 100% en 12 mois, contre 18 mois auparavant. Pour les créances intermédiaires, les compagnies ont maintenant l'obligation de provisionner 100% des primes encaissées par l'intermédiaire et non versées dans un délai de 15 jours à la fin du mois. Mais l'une des nouveautés qui devrait affecter sans doute la manière même dont est vendue l'assurance non Vie est la nouvelle «provision pour risques tarifaires». Il s'agit pour le régulateur de pousser les assurances à redresser les branches déficitaires, vendues généralement à perte par les compagnies pour augmenter leurs parts de marché dans le cadre de «pack». Une course aux parts de marché à laquelle l'ACAPS veut mettre fin en instaurant «en consensus avec le secteur» cette nouvelle provision pour couvrir les pertes des risques de fréquences : Maladie, accidents de travail et automobile en l'occurrence.
Provision pour risques tarifaires
Cette provision sera constituée si la moyenne des ratios combinés des trois derniers exercices est supérieure à 100% ou si le ratio combiné de deux sur les trois derniers exercices est supérieur à 100%. Sa mise en place est progressive sur 3 ans et le premier exercice impacté est 2020.
Le management de Wafa Assurance a salué le timing de cette provision car elle donne aux compagnies le temps de négocier les contrats déficitaires lors des renouvellements qui se font pendant les derniers mois de l'année. Pour Ramsès Arroub, il est encore tôt pour se prononcer sur l'impact qu'aura cette provision. Mais elle devrait limiter certaines pratiques agressives sur le marché, chose dont il se félicite.
L'épargne, la nécessaire adaptation
Wafa Assurance redresse la barre sans difficulté après un exercice 2018 marqué par des sinistres de pointe. Son ratio S/P s'améliore ainsi de 6,9 points pour se fixer à 76,7%, après avoir culminé à plus de 83% en juin 2018 à cause de sinistres de pointe. La compagnie profite également d'une inflexion de la sinistralité dite de masse.
Cette amélioration des indicateurs techniques lui permet de «limiter volontairement» son résultat financier qui baisse de 18,1% en non Vie à 452 MDH alors qu'il atteint 530 MDH (-3,3%) sur la partie Vie. On peut imaginer que le groupe lisse la performance de son portefeuille dans un contexte peu rémunérateur sur les marchés.
Ce contexte de rendement bas crée d'ailleurs une inflexion sur le marché très disputé de l'épargne. Concernant la compagnie, elle a vu son chiffre d'affaires baisser de 9,3% sur ce type de produits après une croissance moyenne annuelle de 15% sur une période récente. Pour Slimane Echchihab, Directeur général délégué de Wafa Assurance, il faut désormais penser à des produits d'épargne plus sophistiqués pour compenser l'impact de la baisse des taux sur le rendement de ces produits. « C'est la fin d'une époque de forte croissance. L'épargne atteint désormais un plateau », précise Arroub. S'agissant de Wafa Assurance, la compagnie a mis le cap sur les contrats en unités de compte, qui permettent de capter de meilleures performances pour les clients mais avec une prise de risque plus importante. Echchihab ne cache pas qu'il est plus difficile de placer ce type de produits, qui demandent une formation et une bonne compréhension des risques par les clients. Les plus avertis sont visés en premier.
Appétit à l'international
Sur un autre registre, la compagnie qui a réalisé 359 MDH de chiffre d'affaires dans ses filiales en Afrique, ne cache pas son ambition pour d'autres marchés. Après l'acquisition au Cameroun de Pro Assur et Pro Assur Vie, qui totalisent, en 2018, un chiffre d'affaires de 63,8 MDH, le groupe cherche à s'implanter en Egypte. Un dossier d'agrément visant à créer une compagnie d'assurances Vie avec un capital de 80 MDH, y a été déposé. L'idée est d'accompagner la banque sur un marché à fort potentiel et faiblement équipé, affichant un taux de pénétration de 0,68% contre 3,42% pour le Maroc.
Wafa Assurance affiche au final un résultat net de 431 MDH, en hausse de 3,7% et consolidant ses fonds propres qui se fixent à 5,77 Mds de dirhams à fin juin.
A.Hlimi