Aujourd’hui, la question ne se pose même plus : la finance islamique a bel et bien prouvé sa légitimité en tant que solution crédible et alternative à la finance conventionnelle. Jouissant d’un fort et étonnant potentiel de croissance, la finance participative, de par son caractère « moins risqué » a su se démarquer notamment lors de la crise financière de 2008 : en effet, elle est venue en réponse aux limites connues de la finance classique, connu pour son caractère non probabilisable du future, en s’inscrivant dans une logique de totale maîtrise des risques.
« Le cas particulier marocain » :
Si la finance participative était considérée comme « tabou » il y a à peine 10 ans, aujourd’hui elle l’est beaucoup moins. Au contraire, la finance participative doit venir enrichir le diaporama de produits financiers bancaires marocains, qui est, rappelons le, très solide.
L’engouement que l’on retrouve au Moyen Orient et en Malaisie pour la finance islamique est loin d’être partagé au Maroc. Au sein du Royaume, le constat se veut comme suit : la demande est largement présente et réceptive. Au regard des statistiques, 7 personnes sur 10 se disent vivement intéressées par les produits proposés par la finance participative, qui se veulent éthiquement plus morales du fait de leur conformité avec les préceptes islamiques de la Charia.
Encore plus, si le taux de bancarisation au Maroc s’élève à peine à 62%, c’est en partie à cause d’une grande proportion de la population (20%) qui juge que le circuit financier classique est en non-conformité avec ses principes religieux. On l’aura donc bien compris, cela représente un énorme manque à gagner.
A l’heure actuelle, le principal problème qui inhibe l’expansion de la finance participative, réside dans le fait que, bien que volontaire, le Maroc a encore du mal à mettre le projet convenablement sur pied et à articuler correctement ses ambitions de court, moyen et long terme.
Le Maroc doit, pour cela, remettre à niveau son système de positionnement global en articulant ces ambitions et le gouvernement doit fixer ses objectifs par le biais de la mise en œuvre de stratégies et par la concrétisation d’instruments.
Cette concrétisation doit passer, in fine, par la rectification de certaines incompréhensions : en effet, les produits alternatifs s’avèrent peu claires aux yeux des consommateurs. Par exemple, Dar Assafaa, filiale d’Attijariwafa Bank, est souvent mal connue : pour certains clients, elle représente une association qui reverse des dons, alors que c’est inéluctablement une banque participative à part entière. C’est pourquoi la mise en place de mécaniques menant vers la vulgarisation de la finance participative est urgente pour que le client puisse avoir une meilleure connaissance des produits qui sont promus.
« Expliciter, informer et agir » :
La bonne conduite du projet de la finance participative se conjugue à une étude consciencieuse et réflechie du projet, qui suppose un challenge incontestable et une maîtrise des technologies.
Le Maroc doit mettre, plus que jamais, les bouchées doubles afin de mieux expliciter ses ambitions en tapant plus fort et en poussant sa démarche volontariste. La nécessité de la mise en exerbe d’une vision claire et précise est à mettre en œuvre : la mise en place d’un plan long termiste (10 ans) s’avère urgente, ce dernier donnera des signaux plus clairs et viendra conforter la volonté de gradualité existante.
La logique est simple : mettre en place un cadre légal qui va permettre au Maroc de se positionner en tant que leader en finance participative.
Rajoutons que le besoin d’infrastructures est imminent et se conjuge à mettre l’accent sur le volet éducatif, qui constitue la ligne de mire du tremplin vers une meilleure connaissance de la Finance Participative. En plus d’une vulgarisation nécessaire autant au niveau national qu’à l’international afin de mener à bien le projet des banques participatives.
Le but même de la Finance Islamique étant une proposition de valeur qui va permettre de se différencier. Il est donc primordial de s’adapter à la clientèle en intégrant consciencieusement ses besoins et en maîtrisant irréprochablement les trois conditions suivantes :
Une qualité de service irréprochable
Conformité irréprochable
Tarification
Le client sera prêt à payer plus cher seulement si ces trois conditions sont réunies et respectées.
En outre, la société civile a tout autant un rôle à jouer en devenant actrice principale du développement de la finance participative et ce, par le biais de la création d’associations qui véhiculeront l’information de la manière la plus explicite possible.