Un membre du Conseil des gouverneurs de la BCE lance le débat sur les conflits d'intérêts au sein des banques centrales. Un débat planétaire. De gauche à droite : Mario Draghi (président de la BCE) et Jens Weidmann (gouverneur de la banque centrale allemande depuis 2011).
Depuis 2008 et l'accélération des mesures monétaires non conventionnelles pour relancer les économies, les fameux quantitative easing, les banques centrales à travers le monde ont dépassé leurs prérogatives pour résoudre des problèmes extra-monétaires. Les Etats-Unis, l le Japon puis l'Europe et la Chine sont des précurseurs. Même Bank Al-Maghrib s'est lancé dans des plans de soutien en faveur des TPE et des entreprises exportatrices.
De l'autre côté de la Méditerranée, des voix s'élèvent désormais pour pointer du doigt des conflits d'intérêts chez la banque centrale "nouvelle génération". C'est le cas par exemple de Jens Weidmann, président de la Bundesbank (la banque centrale allemande) qui est à ce titre membre du conseil des gouverneurs de la BCE. Il a clairement indiqué dimanche que la Banque centrale européenne souffre d'un conflit d'intérêt du fait de sa double responsabilité d'élaboration de la politique monétaire dans la zone euro et de supervision des banques. "En tant qu'organe de supervision bancaire, elle pourrait trouver difficile d'être sévère avec une banque, ou même de la liquider, si elle sait que, du fait de ses mesures de politique monétaire, elle est son plus gros créancier," a des journaux allemands. Il serait même en faveur d'une scission de la branche de supervision de la BCE.
Pourquoi maintenant ?
La sortie médiatique de Jens Weidmann n'est pas anodine. La presse n'en parle pas encore suffisamment, mais les taux d'intérêts augmentent depuis cet été et particulièrement en Allemagne. A travers le monde, surtout en Allemagne et au Japon, plusieurs milliards de dollars de dettes à taux négatifs sont repassées positives cette semaine. Le gouverneur de la Bundesbank a déclaré que les taux d'intérêt "ne devraient absolument pas" rester faibles pendant une période de temps plus longue que nécessaire pour assurer la stabilité des prix. Et d'ajouter que "Si les taux remontent, les dettes ne seront plus supportables", Une situation qui peut fragiliser la BCE supposée être en dehors de certains risques systémiques. Jens Weidmann a promis d'insister pour que le débat sur les conflits d'intérêts de la BCE soit sérieusement et durablement évoqué en Conseil.