Environ 171,8 milliards de dollars (152,7 milliards d'euros) de fusions-acquisitions entre des sociétés américaines et européennes ont été annoncées depuis le début de l'année, du jamais vu à ce stade de l'année depuis une décennie, la concentration palliant visiblement la faiblesse de la croissance économique.
L'annonce lundi du mariage entre le groupe suisse de chimie Clariant et son concurrent américain Huntsman n'est que le dernier exemple en date des grosses opérations de fusions-acquisitions (M&A) conclues d'une rive à l'autre de l'Atlantique.
La valeur globale des M&A entre les Etats-Unis et l'Europe annoncées depuis le 1er janvier est en hausse de 82% par rapport à la période correspondante de l'an dernier selon les données Thomson Reuters, et elle atteint son plus haut niveau depuis au moins 2007.
L'intérêt accru pour les grandes opérations transfrontalières a été illustré entre autres ces derniers mois par l'offre de 143 milliards de dollars faite à Unilever par Kraft Heinz, retirée 48 heures plus tard, ou encore par le rachat du groupe suisse de biotechnologies Actelion par l'américain Johnson & Johnson pour 30 milliards de dollars.
L'optimisme nourri par les promesses économiques et fiscales du président américain, Donald Trump, a porté l'ensemble des marchés mondiaux durant les mois qui ont suivi son élection en novembre, tout en favorisant l'appréciation du dollar, qui favorise les acquisitions à l'étranger par des entreprises américaines.
Les coûts de financement, eux, restent faibles, la remonté des taux d'intérêt ne faisant que commencer.
Jusqu'à présent, la Suisse et les Pays-Bas ont été les principaux centres d'intérêt de la vague de M&A en cours, avec un montant total de 70,2 milliards de dollars de rachats par des sociétés américaines pour ces deux pays.
En sens inverse, le Royaume-Uni reste le principal acquéreur de sociétés aux Etats-Unis, avec un total de 21,1 milliards de dollars d'opérations annoncées depuis le 1er janvier, devant la Suisse (11,5 milliards).
Bank of America Merrill Lynch, qui a conseillé entre autres Reckitt Benckiser pour le rachat de l'américain Mead Johnson Nutrition (16,6 milliards de dollars), est en tête du classement des banques conseils en M&A américano-européennes, avec 83,1 milliards de dollars d'opérations depuis le début de l'année, soit 48% du total, selon les données Thomson Reuters.