Sans grand bruit ni fracas, les députés suisses viennent de signer l'arrêt de mort du secret bancaire, le mythe helvétique longtemps entretenu au gré des banques qui détenaient il y a peu un tiers de la fortune mondiale.
Pilier économique érigé en argument politique, la tradition de silence a été instituée en 1934 et est devenue, depuis, un puissant atout de la place financière avec une part de 27% du marché mondial de gestion de fortune.
Cette sacrée poule aux œufs d'or est protégée, depuis 80 ans, par la loi fédérale sur les banques et caisses d'épargne qui sanctionne jusqu'à trois ans de prison toute personne qui ose trahir le dispositif de silence sur les affaires financières de clients.
Reste encore à savoir si les Suisses eux-mêmes ne seront pas tentés de forcer in extrémis les choses en faveur d'un maintien de la tradition de silence bancaire par voie des urnes. En tout cas, c'est au peuple que revient le dernier mot en cas de consultation sur un dossier aussi sensible, comme le veut leur système de démocratie directe.