Le FOMC ne modifie pas sa politique monétaire, comme attendu
* Il se montre plus confiant dans la remontée de l'inflation
* Les arguments pour une hausse de taux se sont encore renforcés
* Une hausse de taux en décembre toujours jugée très probable
(Répétition sans changement d'une dépêche diffusée mercredi)
par Lindsay Dunsmuir et Jason Lange
WASHINGTON, 3 novembre (Reuters) - La Réserve fédérale américaine a laissé sa politique monétaire inchangée mercredi, à six jours de l'élection présidentielle, mais elle a laissé entendre qu'une hausse de taux était probable le mois prochain face aux signes d'amélioration de la conjoncture et de remontée de l'inflation.
Dans son communiqué, le comité de politique monétaire (FOMC) de la banque centrale estime que l'économie s'est renforcée et que le marché du travail reste solide, et il exprime un optimisme accru sur la capacité de l'inflation à atteindre son objectif de 2%.
"Le comité juge que les arguments en faveur d'un relèvement du taux des fonds fédéraux ont continué de se renforcer mais il a décidé, pour l'instant, d'attendre de nouvelles preuves des progrès continus vers ses objectifs", dit le texte publié à l'issue de deux jours de débats.
Cela revient à laisser entendre qu'une hausse de taux lors de la réunion de politique monétaire de décembre est probable, un scénario déjà largement intégré par les marchés financiers.
La Bourse de New York a creusé ses pertes après le communiqué, l'indice Standard & Poor's 500 cédant 0,65% en clôture, et les rendements obligations d'Etat américaines ont reflué. Le dollar, lui, a brièvement repris du terrain mais restait en recul face aux autres grandes devises.
"(La Fed) va toujours dans le sens d'une hausse en décembre, sauf qu'elle ne s'engage pas à l'avance", a commenté John Canally, économiste de LPL Financial, notant que la possibilité d'une hausse de taux "lors de la prochaine réunion" n'est pas spécifiquement mentionnée dans le communiqué alors que c'était le cas à la même époque l'an dernier.
"Il y a l'incertitude électorale en plus de l'incertitude sur la Fed", a-t-il ajouté. FEU VERT POUR UNE HAUSSE EN DÉCEMBRE, SAUF SI TRUMP GAGNE
La confiance accrue de la banque centrale dans la remontée de l'inflation est perceptible dans le passage du communiqué qui note que "l'inflation a augmenté quelque peu par rapport au début de l'année" et dans la disparition du texte de la référence au fait que la hausse des prix devrait rester faible à court terme.
L'objectif de taux des fonds fédéraux ("fed funds") reste donc fixé dans une fourchette de 0,25% à 0,50%, un niveau qui n'a pas été modifié depuis que la Fed l'a relevé d'un quart de point en décembre dernier, le premier resserrement de sa politique depuis près de dix ans.
Tous les économistes interrogés par Reuters tablaient sur son maintien ce mercredi, la banque centrale évitant généralement toute initiative si près d'une échéance électorale.
La présidente de la Réserve fédérale, Janet Yellen, avait clairement laissé entendre en septembre qu'une hausse était envisagée d'ici la fin de l'année si l'emploi continuait de s'améliorer et l'inflation de remonter.
Les indicateurs publiés depuis ont conforté le scénario d'un relèvement du taux des "fed funds" mi-décembre, les créations d'emploi restant à un niveau élevé et les prix à la consommation montrant des signes d'accélération.
La croissance américaine s'est en outre redressée pour atteindre 2,9% en rythme annualisé au troisième trimestre selon la première estimation du produit intérieur brut (PIB) publiée vendredi dernier.
Pour autant, une hausse de taux était hautement improbable si près des élections du 8 novembre. D'autant que la remontée dans les sondages ces derniers jours du candidat républicain, Donald Trump, a fait baisser Wall Street.
Une victoire du milliardaire pourrait accroître la volatilité sur les marchés, les investisseurs n'appréciant guère ses positions sur le commerce international, l'immigration et la politique étrangère. Donald Trump a en outre accusé la Fed de maintenir des taux bas sous la pression de l'administration Obama.
"Cela ne fait que renforcer l'idée selon laquelle, à moins d'une victoire de Trump qui ébranlerait un peu plus les marchés, la Fed a le feu vert pour resserrer sa politique", estime Jack McIntyre, gérant de Brandywine Global Investment Management.
Deux des dix membres du FOMC se sont prononcés en faveur d'une hausse de taux dès ce mercredi: la présidente de la Fed de Kansas City, Esther George, et celle de la Fed de Cleveland, Loretta Mester. (avec Saqib Ahmed et Chuck Mikolajczak à New York; Marc Angrand pour le service français) Reuters