TOKYO (Reuters) - L’inflation a fléchi au Japon en février en raison de la première baisse des prix de l’essence depuis plus de deux ans et la Banque du Japon (BoJ) risque de devoir maintenir son programme de stimulation économique, voire de le renforcer.
Si cette situation perdure, la BoJ pourrait être obligée de revoir à nouveau à la baisse sa prévision d’inflation le mois prochain, de l’avis des analystes.
L’indice des prix de détail de base, qui inclut les produits pétroliers mais exclut les produits alimentaires frais, a augmenté de 0,7% en février par rapport à février 2018, selon les statistiques officielles publiées vendredi, une hausse inférieure à celle de 0,8% enregistrée en janvier, que les économistes interrogés par Reuters s’attendaient à voir confirmée.
Les prix de l’essence ont baissé de 1,3% en février, leur premier recul en rythme annuel depuis novembre 2016.
“Il est probable que la BoJ poursuive la même politique monétaire le mois prochain à l’occasion de son examen des taux” mais elle pourrait réfléchir à un nouvel assouplissement à un moment ou à un autre au vu des statistiques médiocres de ces derniers temps, dit Takeshi Minami, de l’institut de recherche Norinchukin.
Les prix de détail hors énergie et produits alimentaires frais, l’étalon d’inflation de référence pour la BoJ, ont augmenté de 0,4% sur un an en février comme en janvier.
Des années de soutien massif à l’économie ont fini par assécher la liquidité du marché et par plomber les profits des banques. Malgré cela, l’inflation ne décolle pas et la BoJ est donc mal armée pour faire face à une brutale hausse du yen qui pèserait sur une économie largement tournée vers l’exportation.
Pour compliquer encore un peu plus la tâche de la BoJ, la décision de la Réserve fédérale de ne plus toucher aux taux cette année a provoqué une baisse des rendements obligataires; celui de l’emprunt d’Etat japonais (JGB) de référence à dix ans est ainsi tombé sous 0,050%, au plus bas depuis novembre 2016.
Le gouverneur de la BoJ, Haruhiko Kuroda, a dit que la banque centrale n’assouplirait plus sa politique monétaire à la seule fin de stimuler l’inflation. La BoJ a signalé ce mois-ci qu’elle voyait toujours l’économie japonaise croître modérément, ce qui ne plaide pas pour de nouvelles mesures de relance.
A l’inverse, le gouvernement japonais a revu à la baisse mercredi son appréciation de l’état de l’économie pour la première fois en trois ans, imputant la baisse des exportations et de la production industrielle aux tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine.